L'enquête Ifop en ligne, auprès de 1 006 médecins libéraux, montre une insatisfaction profonde des praticiens franciliens quant à leur qualité de vie au travail. Près des deux tiers d'entre eux rencontrent des difficultés pour concilier l'exercice de leur profession et vie personnelle. 45 % déclarent un temps de travail hebdomadaire de plus de 45 heures, et ils évaluent… cinq heures d'administratif par semaine en moyenne. La grande majorité des sondés prend au moins quatre semaines de congés par an.
Au cours des douze derniers mois, 50 % estiment que leur activité s'est intensifiée. Mais surtout, les deux tiers de ces blouses blanches estiment que leurs conditions de travail se sont dégradées depuis dix ans – ou depuis leur installation – 21 % qu'elles n'ont pas évolué. De façon corollaire, 41 % des sondés envisagent de changer leur mode d'exercice, voire d'arrêter leur activité (en majorité des plus de 65 ans).
Interrogés sur leurs sources de stress (plusieurs réponses possibles), les médecins libéraux franciliens citent à 84 % les tâches administratives. Les trois quarts invoquent leur charge de travail habituelle – devant la désertification et l'allongement des délais de rendez-vous. Mais à noter que 73 % mentionnent le poids du risque médico-légal, 69 % les consultations à motifs multiples et 30 % le sentiment d'insécurité.
Résultat, quand on leur demande de noter leur qualité de vie au travail, le score est de 6,2/10, plus bas que la moyenne des salariés français. Pour 69 % des praticiens, ce sont précisément les conditions de travail qui ternissent le tableau. Là encore, c'est l'administratif « pur » qui revient le plus souvent. En revanche, ils sont satisfaits de leur cadre de travail (confort et aménagement du cabinet, temps de trajet).
En fin de journée, 94 % des médecins franciliens se sentent fatigués, 78 % se déclarent soulagés de quitter leur lieu d'exercice (même s'ils sont aussi satisfaits de leur journée). 81 % d'entre eux trouvent un sens à leur métier – 84 % des spécialistes, 77 % des généralistes – et la même proportion se sent utile, les trois quarts sont « fiers » de travailler dans leur cabinet.
Mais plusieurs indices sont révélateurs de la charge mentale de cette profession. La moitié du panel se dit « soucieux » en repensant à la journée, ou en pensant au lendemain. Plus inquiétant, quatre médecins sur dix n'ont pas l'impression d'effectuer un travail de qualité, six sur dix n'ont pas le temps de se restaurer, 85 % n'ont pas le temps de se détendre. Et les trois quarts ne se sentent pas capables de continuer au même rythme…
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