En matière de lutte contre les déserts médicaux, Agnès Buzyn marche clairement dans les pas de Marisol Touraine.
Dès sa nomination au ministère de la santé, elle érige en priorité l'accès aux soins (géographique et financier). Pour cette hématologue, tout n'a pas été essayé mais il convient d'écarter les mesures punitives jugées contre-productives.
Présenté le 13 octobre dans une maison de santé, à Châlus, son plan « anti-déserts médicaux » fait la part belle aux mesures incitatives afin de libérer le temps médical. Acte fort, la publication d'un nouvel arrêté de zonage pour les généralistes permet d'élargir les secteurs fragiles éligibles aux aides conventionnelles (la population couverte passant de 7 à 18 %). Ces aides prévoient notamment 50 000 euros sur trois ans pour l'installation.
Le programme facilite le cumul emploi/retraite des praticiens libéraux en relevant le plafond de revenu annuel de 11 500 euros à 40 000 euros dans les zones en tension (plafond en deçà duquel ils sont dispensés de verser une cotisation supplémentaire à l'ASV).
Au menu également, la valorisation des consultations avancées en zone sous-dense grâce à l'augmentation de l'aide à l'activité réalisée dans le cadre du nouveau contrat de solidarité territoriale – l'aide passant de 10 % à 25 % des honoraires tirés de cette activité conventionnée, dans la limite de 20 000 euros par an.
La création de 300 postes d'« assistants partagés » entre la ville et l'hôpital dès 2018 est également programmée en zone fragile (par exemple entre un hôpital et un cabinet libéral ou un centre de santé). Ces contrats concerneront aussi bien les généralistes que spécialistes (et non plus uniquement des postes de spécialistes entre hôpitaux).
Le plan prévoit aussi de généraliser en zone sous-dense le contrat de médecin adjoint (permettant à des internes d'apporter un soutien temporaire à leurs aînés en zone fragile par exemple en cas d'épidémie). Autres objectifs : le développement des stages extra-hospitaliers pour la médecine générale et les autres spécialités via une revalorisation de 50 % des maîtres de stages en zone sous-dense (soit 300 euros) ; le doublement des maisons de santé pluriprofessionnelles (et le bénéfice pour toutes ces structures des nouvelles rémunérations en équipe) ; ou encore le déploiement de nouvelles infirmières ASALEE dans les zones sous denses, permettant le suivi de patients chroniques.
Le conventionnement sélectif pointe son nez
Ce nouveau plan ne convainc pas nombre de parlementaires qui réclament la méthode musclée. Lors du débat sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), une pluie d'amendements préconisent un conventionnement sélectif dans les zones surdotées (sur le principe d'une nouvelle arrivée pour un départ).
Saisi par des pétitions citoyennes, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) recommande le 13 décembre une régulation des spécialistes de secteur II dans les zones surdotées en conditionnant « leur conventionnement à la réalisation de consultations avancées régulières en zones sous denses ».
Ces offensives punitives ne font pas vaciller Agnès Buzyn. « Il n'y a pas à proprement parler de territoires surdotés en France à part une ou deux villes ! La répartition des médecins est globalement la même depuis 30 ans », réplique-t-elle. À bon entendeur.
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