LE QUOTIDIEN – Avec les réformes successives, le médecin se retrouve-t-il dans le système de santé ?
Dr PATRICK DUBREIL – Non pas du tout. Les médecins ont de plus en plus de mal à soigner leurs patients. De plus en plus de gens n’ont pas de mutuelle. Quand ils en ont une, elle est de mauvaise qualité. L’accès aux soins se dégrade. Par ailleurs, on observe une dépendance des médecins vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique. L’affaire Mediator le confirme. La gestion calamiteuse par le gouvernement de la grippe A(H1N1) a montré les conflits d’intérêt entre le pouvoir et les lobbys industriels. Et puis l’État fait tout pour ouvrir le marché de l’assurance-maladie aux organismes complémentaires. Les intérêts économiques passent avant les intérêts de la santé. Les médecins seront obligés un jour de passer convention avec les assurances complémentaires.
L’accès aux soins est un enjeu majeur de la politique de santé. Les patients réclament des mesures coercitives. Que proposez-vous pour une meilleure répartition des médecins sur le territoire ?
Cela fait trente ans que nous réclamons le travail collectif en médecine générale avec des maisons de santé de proximité. Ceux qui hier refusaient de voir s’installer la concurrence près de leur cabinet sont les mêmes qui plaident aujourd’hui pour le regroupement. Les patients doivent eux s’approprier des problèmes majeurs de santé publique (alcoolisme, toxicomanie, gériatrie, ALD, soins palliatifs…). Cela doit être l’objet de discussions par l’ensemble des acteurs et pas seulement les médecins généralistes. Cela concerne les assistants sociaux, les services de soins à domicile… Avant, le médecin généraliste s’occupait de tout. Il faut que cela change. Donnons sa place à chacun. Nous appelons à débattre du nouveau statut du médecin généraliste qui pourrait voir le jour avec une diversification des revenus.
Pourquoi ces nouveaux modes de rémunération mettent-ils autant de temps à se mettre en place ?
Les syndicats de médecins libéraux qui négocient la convention médicale depuis des années se sont arc-boutés sur le paiement à l’acte avec un secteur II qui permettait les dépassements d’honoraires. On peut discuter des revenus des généralistes mais il faut que cela soit découplé de l’accès aux soins. Il faut négocier autre chose que le paiement à l’acte exclusif mais pas avec la rémunération à la performance ou les CAPI [contrats d’amélioration des pratiques individuelles, NDLR]. Cette contractualisation surfe sur le terreau du désespoir de la non-revalorisation du C.
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