LA CAMPAGNE pour les élections aux URPS ne semble pas déclencher l’enthousiasme des médecins électeurs d’Ile-de-France. Témoin, le Dr Yves Rigal, figurant en 10e position sur la liste Union Généraliste (la branche généraliste de la FMF), qui reconnaît que « les médecins ne se réveillent guère, quelles que soient les tactiques utilisées ». Si bien qu’Union Généraliste a basé sa campagne en région parisienne sur des envois de mails ou de courriers, plus que sur des rencontres physiques avec les médecins. « La population médicale semble désabusée, continue Yves Rigal, et avec ce malaise palpable de la profession, il est impossible de les passionner pour ces élections. »
Si ce point de vue semble bien pessimiste, il est cependant partagé par tous les syndicats. Au SML, le Dr Jean-Louis Caron, tête de liste pour le collège généralistes, note également « un certain désintérêt des médecins pour ces élections ». Le SML a néanmoins organisé en Ile-de-France une vingtaine de réunions électorales. « Nous avons essayé de cibler ces réunions sur des thématiques régionales, comme le coût de la vie, ou sur des thèmes porteurs, comme la retraite ou la féminisation de la profession, continue Jean-Louis Caron, et au cours de la réunion, on glisse peu à peu vers les enjeux de ce scrutin ». Selon le Dr Caron, ces réunions thématiques séduisent les médecins, comme celle organisée il y a quinze jours sur le thème de la retraite, qui aurait attiré près de 200 médecins.
À la CSMF, le Dr Bernard Huynh, tête de liste pour le collège AOC (anesthésistes, obstétriciens, chirurgiens), a organisé « pratiquement tous les soirs » des réunions avec des médecins, sur le thème de « la nécessaire unité des médecins pour faire contrepoids aux ARS ». « Je trouve cette campagne intense et agressive, indique-t-il, il y a une volonté de dénigrement à notre encontre de la part de tous les syndicats. » Comme tous ses concurrents, Bernard Huynh a le sentiment que « les médecins ne sont pas passionnés par l’élection et ne se rendent pas compte des enjeux, ni du changement de donne induit par la création des ARS ». Malgré tout, quelques thèmes ont semblé intéresser les électeurs AOC, comme l’avenir de la RCP, les relations avec les établissements, ou encore l’avenir de la démographie médicale.
Du côté de MG-France enfin, on a choisi de centrer la campagne sur l’envoi de journaux (Génération Généraliste), de courriers, de mails et de fax. « Nous avons fait quelques réunions, indique le Dr François Wilthien, tête de liste pour le collège généraliste en Ile-de-France, mais nous avons du mal à mobiliser dans ce cadre. » Parmi les thèmes de campagne qui ont le mieux « accroché », François Wilthien cite le burn-out, les tracasseries administratives, ou encore les difficultés à trouver un successeur. « L’absence de mobilisation est une des inquiétudes du scrutin, reconnaît le Dr Wilthien, qui juge les médecins bien peu au fait des nouveautés induites par la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST). « ARS, URPS, HPST, conclut-il, c’est du javanais pour beaucoup de mes confrères. Il y a un gros travail pédagogique à mener. »
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