Depuis le 31 mars dernier, la ville de Boisseuil (3 000 habitants), dans la proche banlieue de Limoges ne dispose plus que d’un seul médecin généraliste, installé dans un cabinet ouvert en 1996. Le Dr André Maurin, 64 ans, a pris une retraite bien méritée, après 37 ans d’exercice, mais n’a pu hélas trouver de remplaçant.
Depuis dix-huit mois, il avait pourtant prospecté dans plusieurs directions, s'adressant aussi bien au Conseil de l’Ordre qu’aux visiteurs médicaux de passage, afin de dénicher un successeur capable de reprendre une patientèle correspondant très exactement à 1 080 personnes.
« Des patients très réguliers, présentant des pathologies multiples et généralistes, issus d’une population locale semi-urbaine, détaille le praticien. Boisseuil est une petite ville construite de lotissements, à deux pas de la capitale limousine, abritant des résidents de la classe moyenne. Donc, sans problème de règlement. »
Depuis deux ans, le généraliste n’assumait plus de garde – la commune est rattachée à la grande agglo de Limoges qui a mis en place un service dédié – et effectuait 25 à 30 actes par jour en moyenne , dont 3 à 4 visites à domicile. « Mon poste était donc viable, rentable, agréable à assumer, dans un environnement local positif, bénéficiant d’un cadre de vie optimal », affirme-t-il.
Le généraliste n’a pas ménagé ses efforts pour se trouver un successeur. Le dernier en date, une remplaçante travaillant sur le secteur s’est désistée au tout dernier moment (15 jours avant son départ) « effrayée certainement par un changement de statut entre remplaçant et généraliste en poste, et par peur de franchir le pas », analyse André Maurin.
« J’ai même fait appel à un cabinet spécialisé de chasseurs de têtes, dévoile-t-il, mais hélas sans un seul coup de fil en retour. »
Un cabinet médical tout neuf
À la mairie, on est prêt à donner tous les coups de pouce, la municipalité investissant par ailleurs 87 000 euros dans un nouveau cabinet médical qui ouvrira ses portes en fin 2017. Le loyer sera modeste : 500 euros par mois, acté lors du dernier conseil municipal, et l’outil sera opérationnel pour deux médecins. Quant aux conditions d’habitat du futur postulant, toutes les options sont ouvertes, entre propriété et location, le marché immobilier local restant très accessible.
« Notre commune est dynamique, accueillante, bien située, souligne le maire Jean-Louis Nouhaud. Cette absence d’intérêt nous semble irréaliste, car nous ne sommes pas en situation de désert médical rural. Aux portes de Limoges, c’est du jamais vu. »
La transmission de la clientèle d’André Maurin est provisoirement assurée au seul généraliste restant dans la commune, le Dr Sylvie Alamone, qui n’a pas souhaité s’exprimer. Mais il sera à l’évidence impossible pour un seul praticien de faire le travail de deux. Des patients se sont déjà tournés vers des confrères installés alentour, que ce soit sur Limoges ou les communes voisines.
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