Ce jeudi a eu lieu la première journée de mobilisation des agents de la SNCF, qui prévoient de se mobiliser deux jours sur cinq du 3 avril au 28 juin pour protester contre le projet de réforme ferroviaire du gouvernement. Les principaux concernés sont les personnels et notamment les futurs embauchés – le rapport Spinetta, qui préfigure la réforme, propose la fin du recrutement au statut de cheminot. Mais les quelque 1 200 médecins de la SNCF (source syndicale), un peu moins connus, pourraient eux aussi être concernés.
Les médecins de la SNCF sont soit salariés dans les centres et établissements de santé de la SNCF soit libéraux (généralistes ou spécialistes) sous agrément.
Ils soignent des agents de la SNCF qui possèdent le statut de cheminot et bénéficient de fait d'une prise en charge à 100 % avec tiers payant intégral. Le médecin est payé directement par le centre de prévoyance et de retraite (la caisse de la SNCF). Ces agents recrutés « au statut » représentent plus de 90 % des employés de la SNCF pour le moment.
Les autres agents sont contractuels de droit privé, affiliés au régime général de l'assurance-maladie. Mais les choses sont en passe de changer.
« La réforme prévoit une évolution des statuts, cela pourrait vouloir dire que le nombre d'agents contractuels va s'amplifier et donc qu'il y aura peut-être moins besoin des médecins, indique le Dr Christian Mothey, secrétaire général adjoint du syndicat des médecins de la SNCF. Pour le moment, il est encore un peu tôt pour dire quelles seront les conséquences exactes de la réforme sur notre activité. »
De fait, le nombre d'agents va en diminuant depuis plusieurs années. Selon la SNCF, les effectifs s'élevaient à plus de 233 000 agents en 1986, ils sont 146 000 30 ans plus tard. Une différence remarquée par les praticiens. « Il est clair que les équipes se sont réduites, certaines tâches sont désormais confiées au privé comme l'entretien des voies », indique le Dr Mothey, qui a exercé pendant 40 ans comme médecin du travail salarié de la SNCF à Bordeaux.
Des avantages très intéressants pour les vacances
Au-delà de l'impact sur la pratique médicale, la réforme ferroviaire va-t-elle remettre en cause les avantages « maison » qu'ont les médecins qui travaillent à la SNCF ? Les médecins libéraux agréés ou salariés pourraient-ils perdre leurs facilités de circulation ? S'ils sont retraités, ou en activité depuis plus de 25 ans, ils bénéficient en effet des réductions sur les billets de train (régionaux ou TGV), tout comme leur conjoint et leurs enfants. À noter que les libéraux agréés ne perçoivent aucune rémunération.
« De toute façon, les médecins libéraux agréés depuis moins de 25 ans n'ont plus ces facilités de circulation, assure un généraliste installé dans la Somme, qui a choisi l'anonymat pour éviter la polémique sur les avantages qui lui sont accordés par l'entreprise. Je les ai encore par ancienneté, c'est très intéressant pour les vacances, mais peut-être faudra-t-il bientôt y renoncer. »
« C'était un fort élément d'attractivité de la profession, c'est certain, confirme le Dr Mothey. Il ne faut pas se le cacher : certains médecins entraient à la SNCF juste pour avoir ces avantages ». Reste à voir si la réforme changera la donne.
Contactée par le « Quotidien », la SNCF n'a pas été en mesure de répondre.
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