Quatre ans que Vron n’avait plus de médecin. Depuis le 1er décembre 2016, ce manque est deux fois comblé ! Deux généralistes se sont installées dans ce village de près de 900 habitants, situé en Picardie entre Abbeville et Le Touquet. Deux jeunes femmes, âgées de 28 ans… et sœurs jumelles. Une aubaine pour cette commune située en zone médicalement sous-dense.
« Les habitants avaient pris l’habitude de se rendre dans les villages voisins. Mais certains patients commencent déjà à revenir, soit parce qu’ils ne sont pas satisfaits de leur médecin actuel, soit parce que c’est trop loin pour eux », explique-t-on à la pharmacie de Vron, soulagée par l’arrivée de ces deux généralistes, dont « France Bleue » s'est fait l'écho.
Leur installation à Vron n’est pas le fruit du hasard. Charlotte Maillet et Chloé Soubry-Maillet sont originaires de la région et y ont conservé des attaches. Chloé a même épousé un agriculteur du coin. « Exercer à la campagne, dans cette région qui nous plaît, c’est ce qu’on a toujours voulu faire », confie au « Quotidien » la généraliste qui apprécie le cadre de vie agréable et les relations avec la population.
Lost in Picardie ?
Les deux jeunes femmes, qui ont étudié dans la même faculté de médecine, ont fait ce choix très tôt en signant un contrat d’engagement de service public (CESP) dès leur quatrième année d’études, figurant ainsi parmi les pionnières de ce dispositif mis en place en 2010. Elles ont perçu pendant cinq ans une aide financière contre la promesse d’exercer dans la région pendant la même période. À Vron, la mairie a facilité leur installation en mettant à leur disposition gratuitement un cabinet médical et en prenant à sa charge sa rénovation, en cours.
Charlotte et Chloé sont-elles effrayées par les conditions d’exercice en zone rurale, censées rebuter les jeunes médecins ? Pas vraiment, explique Chloé Soubry-Maillet qui rappelle l’expérience acquise au cours des stages (un an au total) dans les cabinets libéraux de la région.
« C’est vrai qu’il y a des médecins qui font de gros horaires, mais il y en a aussi qui savent mettre des limites, répond Chloé. Et puis la mentalité des patients a évolué. Même si c’est parfois difficile à admettre pour eux, ils savent qu’ils ne retrouveront pas le médecin qu’ils avaient autrefois, disponible jour et nuit, les week-ends. »
Travailler avec sa sœur jumelle, un atout !
Si les deux sœurs s’installent ensemble, c’est pour répondre à cette contrainte. « On n’y serait pas allé en solo, confirme Chloé. Il faut être au moins deux pour assurer la continuité des soins et profiter d’une vie de famille. » Pas question de sacrifier cet aspect-là, insiste la jeune femme, mère de deux enfants (Charlotte est également maman d’un petit garçon).
Les deux sœurs envisageaient-elles de travailler ensemble, dans le même cabinet ? « L’occasion s’est présentée, on l’a saisie, répond la jeune femme. Et puis c’est rassurant de travailler avec sa sœur, ça enlève quelques appréhensions. »
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