De notre correspondant
Obligatoire depuis 1996, l’assurance-maladie suisse est basée presque exclusivement sur l’affiliation à des caisses de maladie privées. Les honoraires sont débattus entre les médecins, l’union des caisses Santésuisse, et les pouvoirs publics, puis fixés avec un tarif valable dans tout le pays.
Alain Berset, conseiller fédéral à la santé, c’est-à-dire l’équivalent du ministre, a décidé d’allouer une rallonge de 200 millions de francs suisses (environ 160 millions d’euros) aux généralistes, soit un bonus de 10 francs (environ 8 euros) par consultation dès octobre 2014. La loi lui donne cette compétence tarifaire directe en cas d’échec des négociations des partenaires.
Pour y parvenir, il réduira d’autant le montant des honoraires de certains médecins spécialistes (radiologues, pathologistes, gastro-entérologues, ophtalmologues...), dont le volume d’actes avait progressé beaucoup plus vite que celui des généralistes ces dernières années. En revalorisant les honoraires des généralistes, il entend redorer le blason de cette discipline auprès des jeunes médecins.
150 000 euros par an par médecin de famille
La mesure ne coûte rien, voire rapportera de l’argent à Santésuisse, qui ne prend les dépenses en charge qu’après une franchise annuelle, variant selon les contrats de 300 à 2 500 francs suisses (240 à 2 000 euros).
Résultat, les premières consultations de médecine générale sont toujours à la charge du patient, d’autant que le généraliste est statutairement le médecin de premier recours pour la plupart des assurés. Ce sont donc ces derniers, surtout s’ils consultent rarement et ne dépassent pas la franchise, qui subiront les effets de cette augmentation. En revanche, les actes et soins des spécialistes (souvent hors franchise car plus tardifs) seront moins bien rémunérés.
Les généralistes jugent normal que leurs honoraires soient nettement revalorisés, même s’ils estiment que cette augmentation est encore insuffisante. À l’inverse, les spécialistes protestent en rappelant que leurs frais et leurs charges sont de plus en plus lourds. Selon la Fédération des médecins suisses (FMH), les généralistes gagnent en moyenne 150 000 euros par an après déduction de leurs frais professionnels, contre 300 000 pour les cardiologues, les gastro-entérologues et les ophtalmologistes. Le coût moyen de la vie corrige toutefois l’impression d’opulence que peuvent donner ces chiffres sortis de leur contexte national.
Quatre généralistes font vivre à tour de rôle un cabinet éphémère d’un village du Jura dépourvu de médecin
En direct du CMGF 2025
Un généraliste, c’est quoi ? Au CMGF, le nouveau référentiel métier redéfinit les contours de la profession
« Ce que fait le député Garot, c’est du sabotage ! » : la nouvelle présidente de Médecins pour demain à l’offensive
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur