En mal de reconnaissance universitaire, plutôt en bas de l'échelle des revenus médicaux, faiblement attractive auprès des jeunes, la médecine générale libérale est en crise, a-t-on coutume de dire.
Mais si les choses venaient subitement à changer ? Le départ en retraite de la moitié des médecins de famille dans les dix prochaines années constitue une « formidable opportunité » pour rénover en profondeur l'exercice de la spécialité. C'est du moins ce qu'affirment Daniel Coutant, généraliste à la retraite, et François Tuffreau, statisticien à l'observatoire régional de la santé des Pays de la Loire, dans un court essai très optimiste*.
Dans « La médecine générale, une spécialité d'avenir », les deux auteurs retracent la genèse de la discipline, sa construction compliquée dans le cadre conventionnel et sa reconnaissance universitaire tardive, en 2004, avec la création d'un diplôme d'études spécialisées (DES). Ils expriment surtout leur conviction que la médecine générale est appelée à jouer un rôle prépondérant au sein des maisons de santé, qui fleurissent sur le territoire. Près de 800 maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) sont aujourd'hui en fonctionnement, selon un récent inventaire du ministère de la Santé. Le cap du millier de MSP se rapproche.
Leadership naturel
Le phénomène ne se dément pas, au point que « 10 à 15 % » des généralistes libéraux seront bientôt associés au fonctionnement d'une maison de santé. « Ce modèle constitue un cadre de référence en matière d'organisation des soins de premier recours », jugent les auteurs.
Ce nouveau cadre professionnel, volontiers présenté comme une solution contre les déserts médicaux, est de plus en plus attractif pour les jeunes générations. Il présente l'avantage d'horaires cadrés (8 à 20 heures du lundi au vendredi, et le samedi matin), permet un travail en équipe avec un système d'information partagé.
Mais surtout, analysent le Dr Coutant et François Tuffreau, les maisons de santé offrent un leadership naturel au médecin généraliste au sein de nouvelles équipes de santé pluriprofessionnelles, lui permettant de retrouver « une position sociale perdue depuis longtemps ».
Les auteurs mettent un bémol : l'avenir du métier repose également (surtout) sur l'évolution de la rémunération. « À 23 euros la consultation, la médecine générale n'est guère attractive, même majorée des diverses rémunérations forfaitaires et de la prise en charge par l'assurance-maladie d'une partie des cotisations sociales », concluent-ils. À bon entendeur...
* La médecine générale, une spécialité d'avenir, éd. Presses de l'EHESP, 162 pages, 19 euros
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