LE QUOTIDIEN -Connaissez-vous votre médecin du travail ?
PASCAL DIRAND - Bien entendu, nous nous connaissons. Lorsqu’elle est arrivée il y a trois ans, j’ai d’abord apprécié qu’elle prenne l’initiative de faire un tour complet du magasin peu avant six heures du matin. Elle s’est donc rendue compte de la situation au moment de la journée où les gens ont le plus de travail physique. Pendant deux heures elle a pris le temps de bien regarder comment les choses fonctionnaient et maintenant quand elle reçoit chacun de mes salariés elle à une vision précise de chaque poste. J’ai d’excellentes relations avec elle et prends le parti d’anticiper sur les risques qui peuvent exister dont elle me parle. Comme la plupart des entreprises, nous avons parmi notre personnel des salariés qui ont des difficultés et bénéficient d’un suivi particulier de sa part. Lorsque tout se passe bien on se donne moins de nouvelles, mais j’apprécie ses coups de téléphone lorsqu’elle a reçu un salarié qui présente un problème particulier.
Qu’en attendez-vous ?
Le fait de payer des entreprises privées, pour venir nous contrôler tout en sachant qu’elles sont gérées par l’État, me laisse penser que la réforme en cours qui confie aux chefs d’entreprise l’autorité sur le médecin du travail ne va finalement rien changer sur le terrain. Je comprends tout de même leur inquiétude et notamment ce sentiment de perdre leur autonomie. J’attends surtout du médecin du travail qu’il comprenne bien ce que l’on fait. Dans la grande distribution, j’estime que nous n’avons pas de métier très dur, nous ne sommes pas exposés à des matières dangereuses et le médecin du travail doit faire la part des choses. Le fait qu’il se déplace et qu’ils viennent dans l’entreprise reste selon moi fondamental.
Que souhaiteriez-vous améliorer ?
Entre Vesoul, Lure et Montbéliard, nous sommes dans une petite commune de moins de 1 500 habitants et le médecin du travail ne se déplace plus. Cet éloignement reste notre problème majeur. Chaque salarié doit parcourir 40 km aller-retour pour suivre cette visite et ces déplacements sont pris sur les heures de travail, ce qui naturellement ne m’arrange pas du tout. Je lui propose pourtant depuis longtemps de mettre à sa disposition une salle spécifique, mais pour le moment les visites n’ont toujours pas lieu dans l’entreprise et je le regrette vraiment.
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