À l'aube d'une énième réforme, le développement professionnel (DPC) aiguise les appétits. À la faveur d'une tribune publiée dans « le Monde », des responsables universitaires de haut rang* s'insurgent de ne pas voir l'université reconnue, dans le décret en préparation réformant le DPC, « en tant qu'institution capable de former des professionnels de santé », et de ne pas pouvoir prétendre aux budgets de la formation continue (180 millions d'euros alloués au DPC en 2016).
Présidents d'universités, doyens, internes et étudiants (en médecine, pharmacie, maïeutique, kinésithérapie et soins infirmiers) demandent au gouvernement que l'université soit au contraire « confortée en tant qu’institution stratégique » de la formation continue des professionnels de santé, notamment pour mener la recertification périodique en cours de carrière que le Premier ministre souhaite mettre en place.
Assertions diffamatoires, selon la CSMF
Or, selon les signataires inquiets, les budgets du DPC s'apprêtent à être « offerts » « aux officines privées défendues par les syndicats libéraux ». « Ce sont près de 2 850 organismes habilités à proposer des programmes de DPC (23 750 programmes en 2014) », ajoutent les auteurs de la tribune. Les responsables universitaires réclament un « fonctionnement serein, transparent et indépendant » de la future agence nationale de développement professionnel continu (ANDPC).
Cette tribune n'est pas passée inaperçue. La CSMF, premier syndicat médical, a aussitôt dénoncé des « assertions diffamatoires », un « procès totalement mensonger tant sur le fond que sur la forme », « témoignant de l’ignorance totale de l’histoire de la FMC ».
« Les budgets alloués à la FMC, puis au DPC, sont issus depuis 1990 des accords conventionnels entre les syndicats de médecins libéraux et la CNAM, puis en 2010 de la taxe sur l’industrie pharmaceutique issue de la loi Bertrand et fléchés spécifiquement pour la formation des professionnels de santé libéraux », argumente le syndicat du Dr Jean-Paul Ortiz.
La CSMF souligne que la recertification n’est pas à l’ordre du jour de la future agence du développement professionnel continu mais que cette dernière, qui verra le jour le 1er juillet, aura pour mission de contrôler les opérations de DPC.
* Parmi les signataires : Jean-Loup Salzmann, président de la Conférence des présidents d’université ; Jean-Luc Dubois-Rande, président de la Conférence des doyens des facultés de médecine ; Yves-Marie Vincent, président de l’ISNAR-IMG ; Baptiste Boukebous, président de l’ISNI ; Sébastien Foucher, président de l’ANEMF...
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