LE Dr CHRISTIANE GIRAUD, présidente de la FMF-Union Généraliste pour les Bouches-du-Rhône, ne manque pas d’humour. Elle tente par tous les moyens d’attirer l’attention sur la situation des médecins généralistes qu’elle qualifie de « désespérance aiguë ». Elle a donc lancé un appel local du 18 juin dans le cadre de cette journée d’action : « Les médecins parlent aux médecins ».
« C’est un clin d’œil que j’ai utilisé pour rappeler une situation extrêmement difficile, évidemment toutes proportions gardées, par rapport à la guerre. Mais dans ce contexte, je me suis dit aussi que le Général avait parlé avec un message d’espoir. Non, on ne se couche pas, on va se battre pour défendre nos valeurs et notre façon de travailler ». Parmi les doléances qu’elle entend, dit-elle très (trop) souvent, le Dr Giraud évoque surtout les multiples obligations administratives. « Pour des cabinets comme le mien sans secrétaire, c’est impossible. Je vois tous les jours des médecins qui, harcelés par les caisses, sont assignés au tribunal administratif parce qu’ils n’ont pas respecté les bizones, qu’ils ont prescrit trop d’actes, trop de transports, assumé trop d’accidents du travail. Les exigences ne peuvent être appliquées. » Et de rappeler que dans le quartier du 14e arrondissement de Marseille, dans un environnement plutôt défavorisé, elle est amenée à faire régulièrement des actes gratuits. Les gens ne peuvent plus payer. Quant à prescrire des génériques à des patients analphabètes, cela demande de longues explications. « Dans la médecine on veut nous faire appliquer des règles globales qui ne tiennent pas compte du particulier. Qu’ils nous remplacent par des distributeurs ! Pourtant la population a besoin d’une médecine de proximité. »
Le Dr Giraud n’a pas travaillé vendredi dernier. Elle avait prévu une petite manifestation à Notre Dame de la Garde mais, selon elle, certains « esprits trop sérieux » s’y sont opposés. La mobilisation existe. « Je le sens à l’accueil que j’ai reçu quand j’ai préparé la liste pour les élections professionnelles. Beaucoup de médecins disent aujourd’hui : soit on se bat, soit on est mort. Moi je veux garder espoir. »
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