Une femme généraliste reçoit la légion d’honneur

Le Dr Nicole Bez, combattante de l’injustice

Publié le 08/09/2010
Article réservé aux abonnés
1286878460177005_IMG_42186_HR.jpg

1286878460177005_IMG_42186_HR.jpg
Crédit photo : DR

PILIER DU SYNDICAT MG-France, le Dr Nicole Bez, grande militante et défenseur des droits des femmes généralistes, est décorée demain de la légion d’honneur par la ministre de la santé Roselyne Bachelot. Obtenir une reconnaissance, après des années de lutte, cela se savoure. Avec un sourire qui lui fendrait presque le visage, agrémenté d’une pointe de gourmandise dans la voix, Nicole Bez le dit franchement : elle est « heureuse », et compte faire la fête toute la nuit au QG de MG France ! Mais que l’on ne s’y méprenne pas : le ruban rouge qui ornera sa veste, l’honore, évidemment, mais pas à l’endroit de la vanité. « Il vient en reconnaissance du travail que j’ai réalisé, toujours un peu dans l’ombre, en tant que militante, depuis 1984, puis en qualité de chargée de mission " femmes médecins " et membre du comité directeur de MG France. »

Autour d’elle, ses pairs ne tarissent pourtant pas d’éloge : Nicole est une femme « volontaire », « tenace », avec un caractère « entier » relèvent certains, mais « qui force le respect », complète Roger Bolliet, généraliste à Vaulx-en-Velin et délégué régional de MG-France. Contrairement aux hommes, justifie le Dr Bez, « les femmes n’ont pas besoin de pouvoir », poursuivant : « Elles veulent en revanche des résultats. Lorsque je rédigeais le journal " OSMOSE ", dont la parution a cessé en 2004, j’étais ravie que les gens me disent qu’ils étaient intéressés par ce qu’ils lisaient. » Et d’ajouter : « Avoir une fonction, ce n’est pas mon truc… Si, en 2006, j’ai accepté la présidence de la section généraliste à l’URML [union régionale des médecins libéraux] de Rhône-Alpes, c’est par conviction de pouvoir mener des combats et aboutir. » De ce point de vue, elle ne s’y est pas trompée. Élevée par une mère combative, qui a su rebondir face aux vicissitudes de la vie, Nicole Bez a intégré la nécessité pour elle de lutter « contre les injustices faites aux femmes ».

Dès 1977, elle démissionnait de sa fonction d’interne à l’hôpital de Crest (26) « pour harcèlement moral envers les internes femmes ». Elle commente : « On était au bloc en train de tenir les écarteurs pendant que le chirurgien nous reprochait de prendre la place des hommes. » Alors que ses deux frères optaient pour la politique, elle s’engageait sur la voie syndicale. S’en est suivi un long combat, notamment pour défendre la cause des femmes généralistes enceintes. « Lors de ma première grossesse, j’ai dû envoyer la fiche de paie de ma femme de ménage pour obtenir quelques indemnités de congés maternité ! », raconte-t-elle. Les mesures qu’elle a fait aboutir permettent depuis 2006 aux jeunes généralistes enceintes de s’arrêter dans des conditions financières meilleures. « Et les études montrent que le taux de prématurité a régressé », fait observer le Dr Bez. Son prochain cheval de bataille sera d’obtenir encore mieux, mais aussi des indemnités journalières pour les grossesses pathologiques. À 57 ans, elle s’inquiète également pour l’avenir du régime de l’ASV (allocation supplémentaire vieillesse). En tant qu’administrateur Rhône-Alpes au conseil d’administration de la caisse autonome des retraites des médecins de France (CARMF), elle a donc plongé dans les méandres de ce dossier, élément central de la prochaine convention.

ØDE NOTRE CORRESPONDANTE CAROLINE FAESCH

Source : Le Quotidien du Médecin: 8810