En 2017, 1 035 incidents ont été déclarés par les praticiens auprès de l’Ordre des médecins : « un nombre record », souligne le CNOM qui enregistre les déclarations d’agressions verbales et physiques, menaces, vols ou dégradations depuis la création de son Observatoire de la sécurité des médecins en 2003.
L’année 2016 établissait déjà un triste record avec 968 incidents recensés. Le rapport de l’Observatoire ne permet pas d’établir toutefois dans quelle proportion ces chiffres reflètent l'augmentation des violences ou le fait que les médecins sont davantage enclins à les déclarer.
Généralistes en première ligne
Les généralistes restent de loin les premières victimes de ces violences. Ils sont à l’origine de 61 % des déclarations, alors qu’ils ne représentent que 44 % de la profession. Chez les spécialistes, les praticiens les plus touchés sont, comme en 2016, les ophtalmologues (58 incidents soit 6 % des déclarations), les psychiatres (33 incidents soit 3 % des cas) et les dermatologues (25 incidents, 2 % des déclarations). Dans 1 % des situations, la victime est un patient. L’Ordre s’inquiète également de la « progression préoccupante » des incidents relayés par les médecins du travail qui ont déclaré 21 évènements en 2017 contre 13 en 2016.
Toutes spécialités confondues, les femmes sont surreprésentées parmi les victimes : elles ont déclaré 51 % des incidents (46 % en 2016), alors qu’elles ne représentent que 47 % de la profession médicale. « Le fait qu’elles soient de plus en plus nombreuses dans la profession ne suffit pas à expliquer l’augmentation des violences dont elles sont victimes et parfois la cible en tant que femmes », réagit la CSMF.
La moitié des agresseurs sont des patients
Les agresseurs sont en majorité des patients (50 %) ou des personnes accompagnant le patient (16 %). Dans 1 % des cas, il s’agit d’un collègue ou d’un collaborateur. Les agressions ont lieu principalement en milieu urbain, en centre-ville (53 % des cas) ou en banlieue (21 %), dans le cadre d’un exercice de médecine de ville (76 % des déclarations). En établissement de soins, le nombre d’incidents s’est fortement réduit depuis 2015 – de 22 % à 13 % en 2017.
Majorité d’agressions verbales et de menaces
Les évènements recensés demeurent principalement des agressions verbales et des menaces (62 %) mais les vols ou tentatives de vols progressent – de 19 % en 2016 à 23 % en 2017. Ce sont les ordonnances et les ordonnanciers qui sont les principaux objets de ces larcins, suivis par les tampons professionnels, les sacs à main et l’argent. En parallèle, les actes de vandalisme baissent de 10 à 8 % des cas et les agressions physiques se stabilisent à 7 % des déclarations en 2017. Dans 2 % des cas, l’agresseur utilise une arme – couteau ou un cutter le plus souvent, mais aussi des cailloux, une canne ou une hache (cas unique)… Dans 7 % des déclarations, l’agression a entraîné une interruption de travail.
D'abord des reproches sur la prise en charge
Les principaux motifs avancés relèvent souvent de l’exercice médical : un reproche sur la prise en charge (29 %), un refus de prescription de médicament ou d’arrêt de travail (14 %) ou encore un temps d’attente jugé excessif (10 %). Les vols et la falsification de document (ordonnance, certificat, etc.) motivent respectivement 22 % et 10 % des vols. Plus rarement, on trouve une contestation de décision médicale ou le refus de payer la consultation.
Le Nord et les Bouches-du-Rhône comptabilisent le plus d’incidents
C’est dans le département du Nord que le plus grand nombre de violences a été enregistré : en 1 an, le nombre d’incidents y a presque doublé, de 59 déclarations en 2016 à 108 en 2017. La progression est importante dans les Bouches-du-Rhône où 107 incidents ont été déclarés en 2017, contre 68 en 2016.
Mais rapporté au nombre de médecins en exercice, le nombre d’incidents est le plus élevé en Lozère et dans la Loire, avec des ratios respectifs de 2,5 % et de 2,2 %. En queue de peloton, Paris, la Savoie et l’Ille et Vilaine affichent un ratio de 0,1 %.
Aucune suite donnée dans un cas sur deux
Après les incidents, aucune suite n’est donnée dans la majorité des cas (52 %), même si de plus en plus de praticiens déposent une plainte (38 % en 2017 contre 32 % en 2016). Seuls 10 % des incidents donnent lieu au dépôt d’une main courante. Regrettant ces taux trop faibles, l’Ordre appelle « chaque médecin victime d’une agression à engager des procédures adéquates auprès des autorités et à le signaler à l’Ordre afin qu’il puisse s’y associer. »
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