« Ce virage qu’il nous faut réussir est celui de la systématisation et de la démocratisation des usages du numérique en santé pour les patients comme pour les professionnels de santé », déclarait le ministre de la Santé et de la Prévention, François Braun, à l’occasion de la présentation de la feuille de route du numérique en santé, la semaine dernière. Il s’agit de la deuxième phase du dispositif initié en 2019 qui avait été l’occasion de constituer les fondements sur lesquels s’appuie cette nouvelle étape. Le carnet de santé numérique des Français, Mon espace santé, est en effet aujourd’hui ouvert pour plus de 90 % de la population, soit 65 millions de carnets. La télésurveillance et la prise en charge anticipée des dispositifs médicaux numériques sont, quant à elles, entrées dans le droit commun. Et l’État s’est engagé dans « un rôle de régulateur et d’opérateur des référentiels et services socles tandis que les acteurs privés déploient les services utiles au quotidien des soignants et des patients tout en développant », se réjouit le ministère.
Place donc, aujourd’hui, à la phase 2 qui s’apprête à couvrir la période 2023-2027. Elle comporte quatre axes : prévention, prise en charge (à destination principale des professionnels de santé), accès à la santé et cadre propice (lutte contre les cyber-risques). Et développe dix-huit priorités déclinées en 65 objectifs.
Généralisation de Pro santé connect
Sur le volet du digital et des professionnels du soin, la Délégation du numérique en santé a martelé son message. « Il s’agit de faire gagner du temps aux médecins, les outils sont destinés à leur permettre de soigner et non de les forcer à cliquer davantage ». Ainsi, la feuille de route prévoit de généraliser « Pro santé connect » qui doit permettre aux professionnels de santé de n’utiliser qu’un seul identifiant et mot de passe pour se connecter à leurs différents logiciels. D’ailleurs, une expérimentation, qui sera lancée dès cette année, est destinée à mesurer la « satisfaction des professionnels de santé, notamment libéraux, vis-à-vis de leur logiciel métier ». Tandis que « d’ici 2025 », Mon espace santé » permettra non seulement de donner accès à tous les comptes rendus d’imagerie médicale de l’usager, quel que soit l’endroit du territoire où ils ont été réalisés, mais aussi de « prendre connaissance de l’antériorité des examens du patient ».
En 2026, ceux-ci devraient également pouvoir être partagés avec des professionnels de santé exerçant dans un autre pays européen, afin de faciliter les soins à l’étranger. À noter que la question, sensible, de la sécurité des données de santé est également incluse dans la feuille de route, puisque les acteurs informatiques certifiés « HDS » (hébergeurs de données de santé) devront « garantir un hébergement systématique dans l’Espace économique européen, avec des mesures juridiques et techniques de réduction du risque de transfert extraterritorial des données ». Ces nouvelles règles de certification, obligatoires, sont attendues dès septembre 2023.
Cyber accélération et formation
Les établissements sanitaires ont, quant à eux, jusqu’à 2027, au plus tard, « pour consacrer au moins 2 % de leur budget au numérique, dont 10 % sur la cybersécurité et les infrastructures, avec la mise en place d’un forfait numérique dans la tarification ». D’ici cette échéance, tous devront également avoir prévu un exercice de « crise cyber » annuel ou bi-annuel. Ces objectifs s’inscrivent dans le cadre du vaste programme Cyber accélération et résilience des établissements (Care) qui débute dès la mi-2023. Il s’étendra sur cinq ans. Ce plan cyber pourra être en partie financé par le Ségur du numérique, mais il demandera certainement des « budgets supplémentaires », a admis François Braun, qui a ensuite abordé la question de la formation à l’usage du numérique en santé des professionnels, d’aujourd’hui et de demain.
Ainsi, d’ici 2027, « tous les étudiants des formations médicales, paramédicales et du social auront des temps de formation dédiés » à ces enjeux spécifiques (RGPD, sécurité, droits des patients, télésanté…). Ainsi 500 000 élèves sont potentiellement concernés. Dans le même temps, tout au long de la vie, « la formation continue proposera des volets dédiés au numérique en santé pour chaque professionnel des secteurs sanitaires (…) en lien avec les opérateurs de compétences et organismes concernés (ANFH, Agence Nationale du DPC, OPCO Santé) ». Objectif : former, d’ici les quatre prochaines années, au moins 10 % des professionnels en activité.
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