La médecine générale vue de la planète Académie

Le Pr Ambroise-Thomas : « L’amour du métier demeure inchangé »

Publié le 11/07/2011
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Crédit photo : S TOUBON

LE QUOTIDIEN – Académie et médecine générale ne sont pas des mots que l’on a l’habitude de voir accolés. Pourtant, vous avez entrepris de les rapprocher. Quelles sont vos motivations ?

Pr PIERRE AMBROISE-THOMAS – Vous avez raison. A priori, c’est un peu inattendu. Mais ceci résulte d’une conception fausse de l’Académie qui n’est pas un cénacle de grands savants enfermés dans leur coquille. À la base, et avant d’être académiciens, nous sommes des médecins. Et à ce titre, nous sommes conscients du rôle des médecins généralistes.

Dans sa « vie de tous les jours », l’Académie est-elle souvent sollicitée ou interpellée par des médecins généralistes ?

Non ! Ma motivation en faveur de la médecine générale est personnelle et liée au rôle que je crois être celui de cette spécialité quand je regarde… mon fils aîné qui est généraliste. J’ai créé une commission il y a neuf ans au sein de l’Académie, composée à parité d’académiciens et de médecins généralistes. Cette démarche est donc très ancienne. Ce qui est beaucoup plus récent, c’est que, lorsque Michel Legmann [le président de l’Ordre, NDLR] a fait son excellent rapport sur la médecine générale – tout comme Élisabeth Hubert après lui –, nous avons évidemment été en contact puisque je suis membre du Conseil de l’Ordre. Je pense que nous pouvons apporter un complément indispensable au débat même si, bien entendu, l’Académie n’est ni l’Ordre ni un syndicat.

L’Académie a adopté un rapport sur la situation de la médecine générale et formulé un certain nombre de propositions pour la faire évoluer. Comptez-vous prendre d’autres initiatives ?

Je suis en train de programmer une série d’auditions devant la commission « médecine générale » de l’Académie [la commission XVI, lire aussi encadré, NDLR]. J’aimerais avoir un écho des étudiants en médecins générale et, sans vouloir faire de sexisme, j’aimerais entendre aussi des jeunes femmes médecins. Car nous devons réfléchir avec elles. Notre idée est ensuite d’organiser, au début de l’année prochaine, une séance spéciale à l’Académie, entièrement consacrée à la médecine générale. Le but étant d’essayer de dégager des solutions aussi réalistes que possible.

Par quoi êtes-vous le plus frappé quand vous écoutez témoigner des généralistes ?

Par le fait que l’amour du métier demeure inchangé. Il s’exprime de manière différente mais je retrouve chez les jeunes généralistes la même foi dans la médecine que celle qui existait jadis chez leurs aînés. Bien entendu, ils courent derrière des difficultés qui n’existaient pas autrefois. Et en particulier – ceci me tient vraiment à cœur –, les médecins ont besoin d’être replacés à leur vrai niveau dans la société. Il y a une perte trop fréquente de la considération pour le médecin. Or cette considération est importante pour eux mais elle l’est surtout pour leurs malades. Le médecin doit bénéficier d’un statut un peu particulier. Il est l’homme qui peut vous annoncer que votre enfant est atteint d’une maladie incurable et pour qu’il puisse le faire, il faut qu’il soit écouté avec confiance.

Finalement, que peut apporter l’Académie au débat sur l’avenir de la médecine générale ?

Nous pouvons être une caution. Une autorité morale. Ce que nous pouvons apporter tient aux caractères fondamentaux de cette maison, dont le premier est l’indépendance. Nous avons également le privilège de pouvoir auditionner de très hautes personnalités. Et puis nous n’avons aucun intérêt à défendre.

 PROPOS RECUEILLIS PAR KARINE PIGANEAU

Source : Le Quotidien du Médecin: 8995