« En une journée, les 120 entrées étaient parties, nous n’avons pas eu besoin de faire beaucoup de battage », se réjouit Élodie Atlan. Membre du bureau de la corporation des étudiants en médecine de Dijon, elle a été le relais auprès des carabins de l’initiative portée par l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) médecins libéraux de Bourgogne. L’objectif des praticiens : rencontrer les jeunes « en deuxième cycle qui connaissent très peu la médecine libérale » pour susciter des vocations grâce à un échange individuel, argumente le Dr Patrick Bouillot, président de l’URPS-ML. Le format ? Une soirée de prestige* organisée en soirée à la villa Messner (Dijon), un club privé installé dans une demeure bourgeoise du début XXe siècle.
Quiz et bourgogne...
Pour susciter l’échange, l’URPS a proposé, outre le bourgogne, un petit concours doté d’un I-Phone 6S pour le gagnant du quiz. Une trentaine de médecins se sont mobilisés pour répondre aux questions de leurs futurs confrères et consœurs. Fabiola Gulisano, en 4e année, est ravie. « Parler horaires et salaire, c’est difficile, il y a toujours une sorte de réserve. Et ce n’est pas à l’hôpital qu’on va avoir des réponses. »
Entraînée par le quiz, elle redouble le feu de ses questions et tombe des nues lorsque le médecin qu’elle interroge lui précise que seuls 15 % des jeunes médecins optent pour l’exercice libéral à la fin de leurs études. « Je ne sais pas encore ce que je vais faire, mais je compte beaucoup sur le stage obligatoire en février prochain près de Mâcon, dit-elle. Ça permettra de voir si l’exercice libéral me plaît ou pas. Pour l’instant, nous avons tellement été formés à travailler en équipe, que je ne me vois pas bien travailler autrement. »
La question du travail en équipe
Même inquiétude de la part de Vincent, un autre étudiant. « En libéral, n’avez-vous pas davantage de pression par rapport aux médecins hospitaliers qui travaillent de manière plus collégiale ? », interroge-t-il. Le Dr Bouillot s’emploie à rassurer. « Dans ma spécialité, nous avons fondé l’association des diabétologues endocrinologues libéraux. Nous organisons des formations et des réunions au cours desquelles nous discutons de certains dossiers. Mais travailler en équipe, ce n’est pas toujours la panacée, on ne choisit pas avec qui on travaille. Nous avons la chance d’avoir une grande liberté (...) ».
Cette soirée pilotée par l’URPS-ML, une première, suffira-t-elle à enrayer la crise des vocations ? « Même si on a convaincu deux ou trois étudiants, ça n’a pas de prix ! », assure Carole Colin, directrice de l’URPS-ML.
L’Union intensifiera son action en organisant auprès des internes une journée de l’installation.
L’enjeu est de taille. La Bourgogne a perdu près de 10 % de ses professionnels libéraux en six ans, selon les statistiques (2013) de l’Ordre national des médecins. Elle compte 2 700 médecins libéraux, dont 1 618 généralistes, pour 1,6 million d’habitants. 25 % d’entre eux ont 60 ans ou plus.
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