Le régime minier, ouvert depuis 2005 à tous les assurés, accélère sa mue et affiche ses ambitions, notamment dans le Pas-de-Calais.
Le nombre de ses affiliés originels – les anciens salariés des mines, aujourd'hui retraités et leurs ayants droit – ne cesse de diminuer depuis la fermeture des derniers puits. « Ils ne sont plus que 35 000 aujourd'hui dans le Nord et le Pas-de-Calais. Leur moyenne d'âge est de 85 ans », explique Patricia Ribaucourt, la directrice régionale de Filieris, l'opérateur qui pilote l'offre de santé issue de ce régime (depuis 2015 la Sécu minière n'est plus gérée par les CARMI mais par le régime général).
Dans les années 1980, le régime comptait quelque 200 centres médicaux et dispensaires de quartier, parfois distants les uns des autres de quelques centaines de mètres. Une proximité précieuse pour une population vieillissante, mais moins essentielle pour la patientèle du régime général, plus jeune et plus mobile, qui représente jusqu'à 70 % dans certains centres. Les simples permanences médicales ont diminué jusqu'à fermer complètement dans certains dispensaires et nombre de patients sont vus à domicile.
En renfort de l'offre libérale
Mais cette relative concentration de l'offre médicale du régime minier s'accompagne aujourd'hui de… l'ouverture de nouveaux centres de santé, à la demande d'élus locaux confrontés au départ à la retraite de leurs médecins libéraux. Un centre a ouvert cette année à Nœux-les-Mines ; d'autres ouvriront à Lapugnoy, en septembre, ou à Barlin, fin 2017. « S'il y a déjà une offre libérale suffisante, nous n'ouvrons pas de centre de santé », précise Patricia Ribaucourt.
Reste que la faible densité médicale du bassin minier est patente. C'est pourquoi, dans le Pas-de-Calais, Filieris recrute six médecins généralistes à temps plein ainsi que des spécialistes à temps partiel (en ophtalmologie, dermatologie, cardiologie et gynécologie notamment). « Depuis plus de six mois, avec l'aide de nos deux conseillers médicaux, nous communiquons auprès des doyens et des internes pour leur présenter l'exercice salarié que nous proposons », souligne la directrice. Un exercice très différent de la pratique hospitalière, et qui ne manque pas d'atouts.
En binôme
Du point de vue de la patientèle, « on travaille comme un médecin libéral », indique le Dr Yann Pollart, médecin généraliste à Méricourt et conseiller médical de Filieris. À ses débuts en 2005, la part de patients âgés du régime minier était encore élevée. Aujourd'hui, il soigne une majorité d'adultes, d'enfants, de femmes enceintes et participe à la permanence des soins. La place de la prévention et de la santé publique est particulièrement développée. « Nous travaillons de manière pluriprofessionnelle, en équipe, avec le ou les autres médecins du centre, et toujours en binôme avec une infirmière, avec laquelle on peut échanger tous les jours, souligne le Dr Florence Leroy, généraliste à Lens, elle aussi conseillère médicale et salariée de Filieris. Cela nous permet d'avoir une prise en charge très proche du patient. »
Dans chaque centre, une secrétaire gère les rendez-vous, prépare les dossiers médicaux, s'occupe des courriers, de la télétransmission et de l'administratif (droits à jour, tiers payant), ce qui permet aux médecins de regagner du temps médical.
La stabilité du salariat
Autres avantages : les patients peuvent être réorientés vers l'un des sept centres de médecine spécialisée de Filieris, permettant d'éviter une attente aux urgences voire une hospitalisation. Quant aux 89 médecins de Filieris dans le Nord et le Pas-de-Calais, ils s'inscrivent dans l'accueil de stagiaires, une mission appréciée.
Les deux praticiens mettent surtout en avant les avantages de cette médecine salariée : remplacements organisés, congés payés, temps de formation et rémunération stable. Attractive même, juge Patricia Ribaucourt : les salaires oscillent entre 3 500 euros net par mois pour les plus jeunes et jusqu'à 13 000 euros net, selon une échelle variable selon le nombre d'actes réalisés. Les nouveaux venus bénéficient d'une garantie de salaire pendant deux ans. Pour attirer les médecins, certaines communes mettent parfois à disposition un logement et s'efforcent de valoriser leur patrimoine culturel, associatif ou éducatif. Le tapis rouge...
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