LE PRINTEMPS sera chaud. C’est du moins ce que promettent en chur les syndicats organisateurs du mouvement « la France des généralistes en colère » (MG-France, le SNJMG, Union Généraliste et Union Collégiale).Après le boycott de la télétransmission et, surtout, le succès de la journée de grève du 11 mars, largement relayée par les médias nationaux et locaux, qui a mobilisé près d’un cinquième des généralistes avec la fermeture partielle ou totale des cabinets, l’objectif est de maintenir la pression sur le gouvernement en organisant immédiatement la suite des opérations. Une mobilisation crescendo qui devrait coïncider avec… l’entrée en action de la CSMF (Confédération des syndicats médicaux français), restée à l’écart de la journée du 11 mars. Le syndicat réunit en effet ses cadres ce week-end pour arrêter sa propre stratégie de contestation. Au menu : l’appel à tous les généralistes à prendre d’autorité le C à 23 euros dès la mi-avril si cette revalorisation n’est pas octroyée d’ici-là. L’unanimité syndicale dans le sens de la guérilla tarifaire, quelle que soit sa forme (CS, C à 23 euros…), compliquerait évidemment la situation pour le gouvernement. « On ne jouera pas les imbéciles, le mouvement syndical sera unitaire, c’est la base qui le demande »,explique un leader des « généralistes en colère ».
Les regards se tournent vers les deux prochaines échéances clés pour la médecine générale : l’arrêt très attendu, le 8 avril, de la Cour de cassation qui jugera (cette fois définitivement) la validité de la cotation CS pour les spécialistes de médecine générale ; la publication du règlement arbitral de Bertrand Fragonard, mi-avril, qui fera office de convention médicale jusqu’aux prochaines négociations. Sans oublier les résultats de la mission Legmann sur l’attractivité de l’exercice libéral. « Soit le gouvernement calme le jeu avec les généralistes, soit il continue de rester sourd aveugle à nos revendications et le conflit tarifaire est inévitable », prévient le Dr Claude Bronner, coprésident d’Union Généraliste (UG) qui perçoit désormais chez les médecins la « volonté d’aller plus loin et de se faire respecter ». Le président de MG-France, le Dr Claude Leicher, attend avec impatience le 8 avril et le jugement de la cour de cassation de Grenoble, lui qui est personnellement impliqué dans cette affaire. « Ce sera un jour important, clame-t-il. Si nous venions à perdre, nous ne répondrions plus de rien, cela signifierait que l’on ne reconnaîtrait pas à la médecine générale les mêmes droits qu’aux autres spécialités ». Le président de MG-France ne serait pas surpris par la naissance d’autres actes de guérilla tarifaire. « Nous pourrions perdre le contrôle de la situation », commente-t-il.
Course de fond.
D’ores et déjà, de nouvelles journées sans généralistes sont à l’étude. En Bretagne, une fermeture des cabinets « bis » est programmée pour le jeudi 8 avril, opération qui pourrait être reprise au niveau national. De même, la grève ponctuelle de la télétransmission (à la liberté de chacun) devrait être reconduite et accentuée. Il est ainsi prévu que les médecins bretons ne télétransmettent pas deux jours par semaine puis peut-être trois (le SML – Syndicat des médecins libéraux – a fait le choix de lancer ce mot d’ordre le mardi). L’opération cabinets sur répondeurs à partir de 19 heures se poursuit. Certains leaders défendent l’arme de la grève du zèle et de l’arrêt de la maîtrise médicalisée.
« Nous savons que nous allons devoir durcir le mouvement, commente le Dr Jean-Paul Hamon, coprésident d’Union Généraliste. Nous nous sommes installés dans une course de fond. Les gouvernements vont tenter de jouer le pourrissement mais les médecins sont déterminés ». Pour le leader syndical, la fermeture d’un cabinet sur cinq le 11 mars est un bon indicateur de la motivation de la base. D’autant que le mouvement de contestation des généralistes pourrait, avec le temps, prendre plus d’ampleur si les médecins spécialistes s’y associent comme c’est le cas en Bretagne.
Les syndicats ont constaté que le gouvernement tente de réduire le mouvement des généralistes en colère à une revendication uniquement tarifaire. « Cette réaction démontre bien la nécessité de rester mobilisés jusqu’à ce que les pouvoirs publics ne feignent plus de ne pas comprendre les raisons de notre colère », commente le Dr Meyer Sabbah, président d’Union Collégiale (UC).
Les structures impliquées dans le mouvement des généralistes en colère se réunissent régulièrement pour « affiner » leur programme d’actions. « Notre mouvement va monter en puissance », affirme Alexandre Husson, président du SNJMG, qui souligne l’attention des participants de « ne pas pénaliser les patients ».
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