Les récentes installations d'ophtalmologistes permettent-elles d'améliorer la démographie médicale de la spécialité ? La réponse est oui, selon une étude* présentée par le Syndicat national des ophtalmologistes Français (SNOF) ce vendredi.
D'après cette étude, la densité des ophtalmologistes libéraux en France est de 7,4 pour 100 000 habitants. Sur les 2 848 « territoires de vie santé » du pays, 1 117 (39 %) comptent au moins un ophtalmologiste, et 267 (24 %) ont vu leur densité d’ophtalmos augmenter, généralement hors des grandes villes. Et malgré la persistance de zones blanches sans aucun ophtalmologiste, le nombre de médecins installés en cabinet secondaire (structure en plus du cabinet principal d'exercice) a augmenté de plus de 150 % depuis 2012.
Résultat, après « un déficit constant des arrivées par rapport aux départs, les flux se sont équilibrés en libéral depuis 2017 », avec l’augmentation progressive des diplômés français et étrangers et le cumul emploi retraite, indique le SNOF. En 2020, selon les chiffres de la caisse de retraite des médecins (CARMF), il y a ainsi eu 223 radiations pour retraite pour 222 nouvelles affiliations. En comptant les postes d'ophtalmologistes salariés en ville, le chiffre des nouvelles installations grimpe même à 253 pour 2020. Ces primo installés sont en majorité des femmes (52 %), d'un âge moyen de 41 ans et qui choisissent plutôt le secteur II (62 %).
Bon maillage territorial
« Il y a un bon maillage des installations libérales sur le territoire, même dans les zones rurales. En tout, elles s'élèvent à 656 en trois ans et 11 % des ophtalmologistes actuellement installés l'ont été en 2019-2020 », commente le Dr Thierry Bour, président du SNOF. Selon le syndicat, les ophtalmologistes, lors de leur première installation, sont 16 % à le faire sur des territoires peu denses en termes de médecins (moins de 5 ophtalmos libéraux pour 100 000 habitants).
Les départements les plus attractifs restent toutefois Paris, le Nord, le Rhône et les Bouches-du-Rhône. Près des trois quarts des nouveaux installés choisissent des espaces densément peuplés (zones de plus de 200 000 habitants) et 20 % s’installent dans des aires de 50 000 à 200 000 habitants. Un déficit s'opère donc sur les aires de moins de 50 000 habitants ou les communes rurales (7 % des nouvelles installations).
Encourager les sites secondaires
Partant de ces résultats, le SNOF estime qu'un effort doit encore être fait pour attirer les jeunes ophtalmos dans les zones rurales ou à faible démographie avec « des aides à l’installation ciblées et le développement de sites secondaires ». Actuellement, la plupart de ces aides sont à destination des médecins généralistes et conditionnées à un zonage spécifique établi par le ministère de la Santé. Or ce zonage n'a pas encore été fait pour les médecins spécialistes, rappelle le Dr Bour.
Pour le syndicat, ce sont les zones où la densité en ophtalmologistes est inférieure à 5 pour 100 000 habitants qui doivent être particulièrement ciblées par des contrats d'aide comme le contrat d’aide à l’installation (CAIM), le contrat de transition COTRAM, pour encourager la transmission de cabinet aux jeunes, le contrat collectif pour les soins visuels (CCSV), actuellement limité aux maisons et centres de santé, ou le contrat de solidarité territoriale médecin (CSTM). Tous doivent être élargis pour pousser à la création de cabinets secondaires, demande le SNOF.
L’objectif : « retrouver une proportion d'au moins 10 % d’ophtalmologistes s’installant dans ces zones sous-dotées » pour faire face à la moitié des besoins oculaires de la population concernée (6,4 millions d’habitants). Couplées à « une hausse de l’offre dans les grandes et moyennes agglomérations pour alléger la pression sur les zones sous-dotées », ces mesures permettront d'améliorer le maillage territorial et de stabiliser la démographie de la profession, conclut le SNOF.
* Étude réalisée par la géographe de la santé Joy Raynaud de février à avril 2021 sur les premières installations, à partir des annuaires du SNOF de 2016 à 2021.
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