LYON, ville de résistance, n’a pas failli à sa réputation. Suite à l’appel de l’intersyndicale, entre 120 et 200 médecins généralistes, selon les sources, étaient venus manifester leur colère ce 18 juin, ceci pour la quatrième fois consécutive depuis le 11 mars. Vu de la capitale des Gaules, on pourrait même penser que le mouvement s’est installé, et professionnalisé ; comme si, faute de gagner une reconnaissance dans l’exercice de la médecine générale, ces médecins étaient en voie de l’obtenir comme grévistes !
Le cortège a démarré sur le parvis de la Tour du Crédit lyonnais où siège l’agence régionale de santé (ARS), dans un brouhaha de sifflets, cloches, cornes de brume et harangues dans le mégaphone. Pourtant, « fermer son cabinet, c’est briser un tabou », a fait observer le Dr Vincent Rébeillé-Borgella, secrétaire général du syndicat MG-France. Or, selon ce même syndicat qui indiquait avoir réalisé un « phoning » avant la manifestation, 35 à 70 % des cabinets de Rhône-Alpes auraient été fermés ce 18 juin. Quelques minutes plus tard, le cortège marquait un arrêt devant une antenne de l’ARS : « Dans 15 ans, a prévenu Roger Bolliet, délégué régional de MG-France, c’est la France entière qui sera un immense désert médical, sans médecins généralistes. »
Aujourd’hui, l’hypothétique passage de la consultation de 22 à 23 euros n’est plus qu’un élément noyé dans la masse des revendications, face aux conditions de travail dégradées, et décriées par les manifestants. « On est persuadé qu’on va mourir ; nous sommes dans une dépression très profonde, mais active ! », lâche le Dr Dominique Lagabrielle qui exerce en Isère et estime qu’il y aurait une action prioritaire à conduire pour y remédier : investir dans la recherche et dans l’enseignement de la médecine générale. Selon lui, la vraie question en filigrane de cette crise demeure celle du rôle du généraliste dans la société. Aussi, en fin de manifestation, le Dr Bolliet était-il particulièrement content d’annoncer que la délégation qui avait demandé a être reçu par la préfecture, avait obtenu un très bon accueil. « Nous avons insisté sur les problèmes immobiliers auxquels se heurtent notre profession, a-t-il expliqué, mais, nous comptons aussi sur lui pour faire remonter notre mécontentement. » La question posée par les généralistes en « désespérance », comme ils le disent eux-mêmes, n’est désormais plus circonscrite à la seule sphère de la santé. Avant dispersion de ses troupes, l’Intersyndicale a promis de maintenir la pression, et de recommencer dès la rentrée, car elle est « convaincue de la justesse du combat ».
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