Synonyme d’évasion les croisières sont un moyen différent de découvrir le monde. Elles ont séduit 325 000 Français en 2022. Une fois à bord, les compagnies de croisière s’assurent du bien-être de leurs passagers mais aussi de leur sécurité et de leur santé. C'est pourquoi, les grands bateaux de croisière bénéficient de la présence d’un médecin de bord chargé de veiller à la santé des passagers mais aussi de l’équipage. Une pratique de la médecine extrêmement polyvalente puisqu’un médecin embarqué exerce dans un environnement isolé et différent de celui d'un médecin exerçant à terre. Il se doit donc d’être un médecin autonome et complet capable d'endosser plusieurs rôles au cours d’une croisière.
Des médecins polyvalents
Le médecin de bord peut en effet être tour à tour médecin généraliste, urgentiste, assistant social, médecin du travail, formateur ou encore hygiéniste maritime. Il est mobilisé en permanence pour assurer la permanence des soins pour les passagers. Mais sa mission ne s’arrête pas aux horaires de consultation car il est aussi le médecin des membres de l’équipage. Présents sur le navire pendant plusieurs mois, « ils viennent pour nous voir et discuter de leurs problèmes personnels ou professionnels », explique Matthieu Coudreuse, médecin pour la compagnie Ponant. Le médecin de bord est alors amené à inspecter l’environnement de travail des marins, améliorer l’aménagement de leur poste, surveiller le respect des règles d’hygiène dans les cuisines ou encore former l’équipage aux gestes de premier secours. « On est un peu partout dans le navire », précise-t-il.
À ces nombreuses exigences s’ajoute une appétence pour l’urgence fortement conseillée pour tout médecin désireux de s’embarquer sur un navire de croisière. Car l’attrait du voyage rend ce type d’emploi séduisant « mais ça peut vite se compliquer et il faut connaître ses limites », prévient Matthieu Coudreuse. Il faut pouvoir gérer les éventuelles urgences mais aussi les cas, rares, qui ne peuvent pas être traités à bord. Il faut alors organiser le rapatriement du passager en travaillant avec l’ensemble des acteurs responsables, à savoir les structures d’urgences à terre et le commandant de bord pour organiser la déroute du bateau si celui-ci est trop éloigné des côtes. « Il faut être curieux et débrouillard » afin de trouver la meilleure solution pour le patient.
À bord, le personnel médical dispose de tout le matériel nécessaire pour pouvoir traiter les passagers qui se présentent. Chaque navire doit en effet posséder un équipement médical minimum : « on dispose du moyen de traiter, ou du moins pour les cas graves, de les stabiliser dans la mesure du possible, explique le médecin du Ponant. À part gérer ce qui relève de la chirurgie, il manque assez peu de chose d’un point de vue médical ». Il appartient ensuite à chaque compagnie de compléter cet équipement en fonction de la taille du navire, de la navigation envisagée et de son éloignement par rapport aux côtes. Il peut s’agir de lit d’hospitalisation, de quoi faire des radios ou encore des tests biologiques. Ce petit hôpital embarqué qui nécessite de vérifier que tout le matériel est propre à soigner les passagers, « on devient aussi un peu pharmacien puisqu’on vérifie l’état des stocks avec l’infirmier », précise le docteur Coudreuse.
Profiter du voyage
Cette polyvalence fait du médecin de bord, officier supérieur, un personnage central présent à plusieurs niveaux à bord du navire. Les escales ne constituent pas pour autant un moment d’accalmie puisqu’il accompagne les passagers au cours des activités organisées par la compagnie. Ce qui fait qu’il profite du voyage tout en gardant son rôle d’encadrant. « Il reste le médecin des passagers. Il n’y a pas de jour off », précise Matthieu Coudreuse.
Malgré cela, devenir médecin embarqué procure « de belles expériences humaines », tempère Matthieu Coudreuse. Il y a un rôle de sociabilisation important avec les membres de l’équipage dont le médecin fait partie mais aussi avec les passagers qui changent régulièrement. Les conditions particulières dans lesquelles se retrouve un médecin de bord demandent à tout candidat une bonne préparation. Les formations proposées à Brest ou à Marseille spécialisées dans la médecine maritime permettent de se rendre compte des exigences et des caractéristiques de ce métier. « Une fois qu’on en a conscience, ceux qui en ont l’occasion ne devraient pas hésiter », conclut Matthieu Coudreuse.
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