À quelques jours du plan « Hôpital/système de santé », qui sera annoncé le 18 septembre par Emmanuel Macron, le syndicat MG France monte au créneau pour défendre la médecine de ville. Le Dr Jacques Battistoni, président du syndicat, a réclamé ce jeudi devant la presse des investissements massifs pour les soins primaires au premier rang desquels la médecine générale.
30 % du temps passé
Première priorité : rendre attractif et moderniser l'exercice libéral, en recentrant le généraliste sur sa « valeur ajoutée » : la décision médicale et la coordination des parcours. Le syndicat réclame à cet effet la mise en place d'assistants de cabinets médicaux « dès janvier 2019 » pour libérer du temps médical. « C'est notre proposition phare », insiste le Dr Battistoni. En pratique, MG France souhaite que soit inscrit dans le droit commun le financement d'un assistant pour deux médecins de famille.
Pour financer cette « fonction support » d'assistant médical, le syndicat imagine une dotation à hauteur de 50 000 euros par an pour deux médecins, budget qui pourrait passer par le forfait structure conventionnel. « Nous en discutons avec l'assurance-maladie mais ce n'est pas arbitré », révèle le Dr Battistoni. En contrepartie de cet investissement, le syndicat s'engagerait à prendre en charge de nouveaux patients sans médecins traitants.
« Un généraliste passe 20 à 30 % de son temps à faire autre chose que son métier, illustre au "Quotidien" le Dr Margot Bayart, vice-présidente de MG France. L'assistant de cabinets médicaux n'est pas un secrétaire médical, il pourra intervenir au début, pendant et à la fin de la consultation. Il peut remplir les dossiers, assurer la prise de tension, ou encore l'électrocardiogramme. Nous sommes partis sur le modèle de l'assistant dentaire. »
Côté rémunération, MG France appelle de ses vœux une « forte majoration » du forfait patientèle médecin traitant (FPMT) en zones sous-denses.
Protection sociale, visite et PDS
Constant dans ses revendications, MG France estime que l'amélioration des conditions de travail passe par deux autres mesures fortes à inscrire dans le projet de financement de la Sécurité sociale 2019 : réduire le délai de carence en cas d'arrêt maladie (pour une prise en charge dès le 4e jour d'arrêt au lieu du 90e jour) ; et élargir les horaires de la permanence des soins ambulatoires à partir de 19 heures (au lieu de 20 heures) et le samedi matin (permettant l'accès aux majorations dédiées).
Pour organiser la continuité des soins et la prise en charge des soins non programmés, MG France propose de « valoriser financièrement » la visite de maintien à domicile du généraliste traitant, le plus souvent très complexe, auprès de patients polypathologiques. « Nous souhaitons que le périmètre des visites longues soit élargi pour répondre aux problématiques des patients qui ne peuvent pas se déplacer », avance le généraliste normand.
Dans la même veine, le syndicat propose de récompenser « l'action » du généraliste qui accepte d'ouvrir sa consultation à des demandes de soins non programmés à l'échelle d'un territoire. « Il s'agit de négocier l'acte et l'astreinte du médecin. Cela peut prendre la forme d'un avenant conventionnel », suggère le Dr Battistoni.
Pérenniser le financement des CPTS
Dernière doléance : « outiller » comme il se doit les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). La solution ? Intégrer les CPTS à l'accord conventionnel interprofessionnel (ACI) pour sortir des financements expérimentaux des ARS mais aussi créer un « fonds de modernisation » pour les territoires de santé permettant d'indemniser les porteurs de projets. Pour MG France, il convient aussi d'adapter les moyens du DPC à la formation pluriprofessionnelle. « Nous attendons un financement spécifique pour le DPC pluriprofessionnel », assure le Dr Battistoni.
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