« Ostracisé » dans certaines URPS, MG France affiche sa pugnacité pour les négos conventionnelles et vise la visite à 70 euros

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Publié le 10/06/2021
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Crédit photo : S.Toubon

Vaccination, futures négociations avec la CNAM, coopération interpro : ce jeudi, le syndicat de généralistes MG France a réaffirmé ses ambitions sur plusieurs sujets majeurs pour la profession, prônant une position « combative ».

Sur la vaccination, le syndicat a réitéré sa demande d'accès à des vaccins « en plus grande quantité » – notamment le Moderna, pour l'instant délivré « au compte-goutte » en ville – et sans passer par les pharmaciens mais plutôt par un portail de commandes simplifié. « Aujourd'hui, on se demande si on n’atteint pas une forme de palier pour les premières doses. C'est à nous de convaincre nos patients de l'intérêt de la vaccination, observe le Dr Jacques Battistoni, président de MG France. Or, avec un flacon de Moderna toutes les deux à trois semaines, il n’est pas possible d’organiser une vaccination ! Les généralistes sont découragés par ces aléas. »

Cadrer les coopérations

Le syndicat monocatégoriel a également rappelé sa position sur les coopérations pluripro, alors que la parution d'un décret sur le pharmacien correspondant (lui permettant de renouveler les ordonnances et d'adapter les posologies, avec accord du médecin traitant) a fait vivement réagir les médecins. « Nous sommes favorables à la coopération, mais cela ne veut pas dire tout et n’importe quoi, sans nous demander notre avis, recadre le Dr Battistoni. Avec ce décret sur le pharmacien correspondant, les médecins ont eu l'impression qu'on donnait un nouveau coup de canif dans leur métier. » MG France revendique à cet égard le respect « inconditionnel » des missions du médecin généraliste. « Derrière la stratégie thérapeutique, il y a la responsabilité médicale, et celle-ci ne se délègue jamais », rappelle son chef de file.

Place aux libéraux dans le SAS

Au sujet des négociations conventionnelles – qui pourraient reprendre dans la seconde quinzaine de juin –, MG France se montre également ferme. « L'un des grands axes de cette négociation est la valorisation du maintien à domicile des personnes âgées et donc l'augmentation du tarif de la visite (actuellement à 35 euros avec la majoration de déplacement). Nous demandons 70 euros pour toutes les visites. C'est notre priorité, mais tout dépendra de l'enveloppe disponible. Si cela n'est pas possible, il faudra cibler les patients prioritaires », indique son président, qui ne négociera pas un texte « qui n’a pas de sens ».

L'autre attente majeure concerne le futur service d'accès aux soins universel (SAS) pour l'accès aux soins urgents et non programmés. MG France ne s'engagera que si cette plateforme permet aux patients d’avoir « une réponse à leur demande de soins où qu’ils soient », en s’appuyant sur les généralistes et les CPTS pour les soins non programmés. « Si c'est juste l'opportunité pour les SAMU d’avoir plus de financements, d’équipements, de renouveler leurs permanenciers, cela ne nous intéresse pas beaucoup, ils peuvent se débrouiller seuls », tacle le Dr Battistoni. Le généraliste plaide pour une autonomie des libéraux dans le déploiement du SAS (hors des locaux du SAMU, avec un budget autonome et une régulation libérale) ainsi qu'une rémunération ad hoc des médecins effecteurs.

La signature d'un texte nécessitant 30 % des voix dans chacun des deux collèges (généraliste et spécialiste) MG France – qui a la capacité de signer seul pour les généralistes – a indiqué qu'il avait commencé à dialoguer avec les syndicats d'autres spécialités, et notamment l’union Avenir Spé-Le BLOC (également en capacité de signer seul pour les spécialistes).

« Ostracisme »

Enfin, MG France a réagi avec une pointe d'amertume à la désignation des bureaux des URPS, dans la foulée des résultats des élections professionnelles. Le syndicat regrette de n'avoir obtenu la tête que d'une seule région (Occitanie), malgré ses bons résultats électoraux (36,5 % des voix dans le collège généraliste). « Le scrutin a favorisé les alliances et des coalitions se sont faites sans nous, voire contre nous ! Nous le déplorons par rapport aux électeurs qui nous ont fait confiance car dans les régions où nous sommes mal ou pas représentés, on les prive d’un droit à la parole », déplore le leader syndical.

Le Dr Battistoni dénonce même « une volonté d’ostracisme », notamment en région Auvergne Rhône-Alpes et en Île-de-France, où aucun élu MG France n'est représenté au bureau… Le syndicat dénombre tout de même 18 élus dans les bureaux régionaux.


Source : lequotidiendumedecin.fr