« Rejoignez-nous ! » C’est l’appel lancé par Stéphane Cola auprès des médecins de toute la France. Fin 2013, il ouvrait un site Web référençant les médecins gay friendly, à destination des patients LGBT (lesbiennes, gay, bi et trans). Le concept avait déjà été testé avec les avocats lors de l’adoption de la loi du mariage pour tous.
Trois ans plus tard, près de 300 praticiens, dont un tiers de généralistes et un tiers de psychiatres, ont rejoint medecin-gay-friendly.fr. « C’est très insuffisant, il nous en faudrait au moins dix fois plus, surtout des généralistes et des psychiatres », estime Stéphane Cola, qui constate une demande croissante de la part des patients LGBT, qui n’ont pas forcément dans leur entourage la possibilité d’être conseillé et orienté dans le choix de leur médecin traitant. « Cela répond à un vrai besoin. J’ai des centaines de témoignages très touchants, des gens qui n’ont pas osé se faire soigner ou qui ont retardé leur prise en charge par peur du regard de leur médecin », insiste-t-il.
Les médecins homophobes ?
Qu’est-ce qu’un médecin gay friendly ? « C’est un interlocuteur bienveillant devant lequel un patient gay pourra s’exprimer sans aucune retenue, sans crainte et en toute confiance », répond Stéphane Cola qui part du principe que « si on ne peut pas tout dire à son médecin, on ne peut pas être bien soigné ». Il est toujours difficile de raconter son intimité, poursuit-il, « encore plus lorsque vous êtes gay et que vous êtes culturellement programmé pour le dissimuler dans une société qui porte un regard parfois hostile sur l’homosexualité ».
L’homophobie s’exprime parfois de manière pernicieuse, à travers un discours bien intentionné mais teinté de culpabilisation ou de moralisation. « Ça n’est pas une mise en accusation de la profession, se défend Stéphane Cola. Il n’y a pas plus d’homophobes parmi les professionnels de santé que partout ailleurs. Mais vous ne pouvez pas empêcher quelqu’un qui subit la discrimination dans sa vie de tous les jours de se protéger de cela. Il s’agit aussi d’éviter les déconvenues. Certains praticiens ne sont pas à l’aise avec la question de l’homosexualité, ils éprouvent de la gêne sur certains sujets. Dans ce cas, la relation médecin-patient n’est pas idéale. »
Au contraire, un médecin ayant acquis un savoir-faire auprès d’une patientèle LGBT offre de meilleures garanties de prise en charge, avance Stéphane Cola : « Avec le temps, il développe une compétence. Il sait d’emblée comment leur parler, il connaît leurs problèmes spécifiques, il ne tourne pas autour du pot avant d’aborder certains sujets… »
Médecin gay ?
Un patient doit-il forcément évoquer son homosexualité avec son médecin ? « Non, bien sûr, répond-il. La médecine est la même pour tous. Mais s’il s’agit de votre médecin traitant, qui va vous suivre toute votre vie, il y aura toujours un évènement qui fera que le sujet devra être abordé. »
medecin-gay-friendly.fr est totalement gratuit. Il garantit la confidentialité aux médecins inscrits. Selon Stéphane Colas, ces derniers viennent spontanément vers le site, souvent en raison d’un parcours personnel. « Ils ont parfois un frère, une sœur, ou un ami homosexuel qui a fait qu’ils sont sensibilisés à la question », relève-t-il. Parmi eux, beaucoup sont-ils eux-mêmes gays ? « Je ne sais pas et ça ne m’intéresse pas de le savoir. Ce qui compte, c’est que le patient se sente bien face à son médecin. »
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique