PARTI À LA RECONQUÊTE des « médecins de proximité », Nicolas Sarkozy poursuit ses entretiens directs avec les représentants des praticiens libéraux. Après avoir reçu la semaine dernière une délégation de la CSMF (Confédération des syndicats médicaux français), le chef de l’État consulte aujourd’hui l’autre « poids lourd » du syndicalisme médical, MG-France.
Cette rencontre intervient dans un contexte politique particulier. Après avoir soutenu la loi Hôpital, Patients, Santé et Territoires (HPST), le syndicat de généralistes a durci son discours et sa stratégie en 2010, sous la houlette de son nouveau président, le Dr Claude Leicher, un des fers de lance de la bataille tarifaire et du combat identitaire pour le CS. Les raisons de la colère généraliste se sont accumulées, depuis la gestion gouvernementale de la vaccination contre la grippe A(H1N1) jusqu’au récent règlement arbitral transitoire qui ne règle pas grand chose. Et la campagne pour les élections professionnelles chez les médecins est assez peu propice aux discours d’apaisement.
S’agissant du système de santé, MG-France réclame un changement complet de paradigme qui suppose un investissement massif sur la médecine de première ligne et les soins primaires ambulatoires, comme l’ont fait de nombreux pays scandinaves. C’est ce message essentiel que le syndicat adressera aujourd’hui à l’Élysée (puis au ministère de la Santé où il est également convié dans la foulée). « Cela fait cinquante ans que la médecine générale est le point faible du système de santé par manque d’investissement, explique le Dr Leicher. Le bilan, ce sont des résultats sanitaires moins bons que la moyenne, en matière de mortalité prématurée et d’inégalités sociales, et une dynamique des dépenses plus forte. Nous sommes au bout de cette logique et c’est le système de santé solidaire qui est menacé. »
Si MG-France veut croire à une « prise de conscience » au plus haut niveau de l’État (la mission confiée à Élisabeth Hubert sur la médecine de proximité est un signe), il attend que cela « se traduise en actes ». À cet égard, l’espérance soulevée par la loi Bachelot, qui définit le médecin généraliste de premier recours, est restée lettre morte à ce jour. Et MG-France ne se satisfait nullement des annonces présidentielles en faveur du C = CS = 23 euros au 1er janvier prochain. « C’est plutôt la preuve que la médecine générale fait toujours l’objet d’une inégalité de traitement », tranche le Dr Leicher.
Crise sociologique.
Pour MG-France, il est donc urgent de revoir l’organisation du système de santé avec un parcours de soins digne de ce nom, « non pas virtuel mais lisible », où les acteurs des soins primaires auraient « les moyens de leurs missions » restreignant de facto le recours aux plateaux techniques et à l’hôpital. Cet investissement est-il possible en période de crise et de rigueur ? « Chaque année, on remet 4 ou 5 milliards au pot, observe le Dr Leicher. Les marges existent, nous souffrons d’une absence d’orientation claire qui donne la priorité aux soins de premiers recours. » Au contraire, juge MG-France, c’est la médecine générale qui supporte les efforts (budgets et revenus qui stagnent ou qui déclinent, démographie en berne), nourrissant la « crise sociologique profonde » des médecins concernés. Parce que les inégalités de rémunération « se creusent » au sein de la profession, et qu’ « on ne peut se satisfaire d’une solution qui passe par des dépassements », le président de MG-France appelle de ses vux une nouvelle politique de revenus des médecins, plus équilibrée. Un autre message adressé au chef de l’État.
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