En Espagne, le torchon brûle toujours entre le gouvernement et les médecins. Mardi, une 12e réunion entre leurs représentants et une délégation du gouvernement de la région de Madrid s'est soldé sur un nouvel échec et une nouvelle grève des médecins hospitaliers madrilène est annoncé les 1er et 2 mars prochain.
Dans la capitale Madrid et dans sa région, les médecins généralistes et les pédiatres des centres de santé (premier niveau des soins) sont désormais en grève depuis bientôt trois mois, pour protester contre la dégradation de leurs conditions de travail : réduction du nombre de médecins, augmentation du nombre des patients pour les médecins qui restent, accumulation des tâches administratives... sans compter le départ à la retraite prévu dans les cinq prochaines années pour 30 % des effectifs actuels.
Fuite des médecins
Cette détérioration provoque une fuite de ces médecins de la capitale dans d’autres régions, voire à l’étranger (France, Grande Bretagne, Allemagne…). Ainsi pendant les deux dernières années, sur les 443 nouveaux médecins généralistes qui ont terminé l’internat, 37 seulement ont accepté les postes que leur offrait l’administration régionale. Et les prévisions pour les jeunes professionnels qui doivent terminer prochainement à Madrid leurs 4 années de spécialisation en « médecine générale et communautaire » ne sont pas meilleures.
Ainsi, déjà à la fin de janvier dans la région de Madrid, 30 % des postes de médecins généralistes n’étaient pas occupés et 20 % des postes de pédiatres. Face à cette situation, les grévistes réclament que le maximum de patients par jour ne dépasse pas 34 (contre parfois 60 ou même 70 actuellement) pour les généralistes et 22 pour les pédiatres. C’est la condition indispensable, selon eux, pour que les soins et l’attention portée à chaque malade puissent être de qualité. Ils sont soutenus par une partie importante de la population comme le montrait encore la manifestation monstre du dimanche 12 février au centre de la capitale espagnole avec plusieurs centaines de milliers de participants.
Les médecins réclament ainsi une série d’investissements supplémentaires en équipements et en personnel pour que l’exercice dans les centres de santé de Madrid soit plus attractif. Et au gouvernement régional qui rejette ces demandes pour des motifs budgétaires, les médecins répondent en interrogeant notamment le financement de l’Hôpital Isabel Zendal, d’une capacité de plus de 300 lits, construit en 2020 par le gouvernement régional actuel et occupé pendant de nombreuses semaines par moins de 50 malades.
Infirmier qualifié pour recevoir les patients
Car, de toute évidence, la communication passe mal entre le comité représentatif des médecins en grève et le gouvernement régional, celui-ci faisant des promesses et assurant en même temps qu’un infirmier peut souvent faire le travail auparavant effectué par un médecin. La présidente régionale Isabel Diaz Ayuso a ainsi déclaré le 7 novembre dernier : « Plus de la moitié des consultations peuvent être assurées par le personnel infirmier qui est parfaitement qualifié pour recevoir les patients ».
Cependant, selon le rapport annuel 2023 publié le 19 janvier par la Fédération des Associations pour la Défense de la Santé Publique, « en 2020, parmi les différentes régions espagnoles, c’est Madrid qui a consacré la plus petite partie (soit 10,66 %) de ses dépenses de santé au premier niveau des soins, les centres de santé ».
Et, de leur côté, les délégués des médecins grévistes et leur porte-parole du syndicat Amyts, la chirurgienne Angela Hernandez, ne se lassent pas d’insister sur les bienfaits d’une relation stable et continue entre les patients et leurs médecins de famille : une attention plus grande portée à la prévention et une diminution du recours aux urgences hospitalières.
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