C'est un signal clair et net du gouvernement en faveur des structures de santé pluriprofessionnelles, du travail en équipe mais aussi des zones désertifiées. Le Premier ministre, Édouard Philippe, et la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, inaugureront vendredi 13 octobre matin, la maison de santé de Châlus, à une trentaine de kilomètres de Limoges. C'est dans le cadre de ce déplacement que le Premier ministre présentera le plan du gouvernement pour l’égal accès aux soins dans les territoires. Il devrait rappeler sa volonté de doubler le nombre de maisons de santé (il en existe 910 aujourd'hui) d'ici à la fin du quinquennat.
Au cœur de la Haute-Vienne, les Drs Fabrice Durand et Bruno Neuvialle, deux généralistes de la maison de santé de cette commune, accueillent avec beaucoup de satisfaction leur venue.
Comme l'explique le Dr Durand au « Quotidien », le site de Châlus a été choisi il y a une petite semaine. « On ne s'y attendait pas. 26 sites étaient candidats et coïncidaient avec le plan d'action du gouvernement et Châlus a été choisi », se félicite-t-il. Une délégation du ministère est venue sur les lieux le 9 octobre pour confirmer la venue d'Agnès Buzyn et en prime du Premier ministre. « Il ne faut pas le nier, nous sommes très contents ! Notre zone rurale est tombée dans l'oubli, là on nous met en avant », poursuit le généraliste.
La maison de santé a, en réalité, été ouverte au public en mai 2017. Elle est le fruit d'une collaboration entre les professionnels de santé du secteur et la municipalité. « La mise aux normes pour nos cabinets n'était pas possible, de plus, nous savons que les jeunes praticiens n'envisagent plus de s'installer en dehors de structures telles que les maisons de santé », détaille le Dr Neuvialle, installé depuis trente ans dans la commune.
Désir de consultations externalisées
Aujourd'hui, les trois médecins généralistes de la commune s'y sont installés ainsi qu'un kinésithérapeute et un dentiste. « La commune était sans dentiste depuis deux ans », glisse le Dr Neuvialle. Des sages-femmes viennent également toutes les après-midi et la Croix rouge Française, indépendante juridiquement, a également pris place dans les locaux. Un projet de santé commun a été élaboré par l'ensemble des professionnels pour renforcer et pérenniser l'offre de soins sur ce territoire. Deux médecins des communes adjacentes vont également intégrer la coordination des soins.
Interrogé sur leurs attentes quant au plan de lutte contre les déserts médicaux du gouvernement, le Dr Durand n'hésite pas à dire qu'il faut plus de moyens financiers et humains. « La mise en place des consultations externalisées avec un cardiologue, ophtalmologue, gynécologue et dermatologue susceptibles de venir ici et donner des consultations serait d'une grande aide », explique-t-il.
Le Dr Neuvialle s'est dit tout à fait ouvert à la télémédecine malgré un « cahier des charges très lourd ». Deux établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) utilisent déjà cet outil avec le CHU de Limoges.
Une meilleure communication avec l'hôpital
Mais surtout, en haut de la liste de vœux des praticiens, c'est une meilleure communication avec l'hôpital qu'ils attendent. Les généralistes de Châlus possèdent une messagerie sécurisée (Apycript) leur permettant d'échanger avec leurs pairs et recevoir des comptes rendus. « Les médecins spécialistes de cliniques le font, mais pas encore les hospitaliers », précise le Dr Durand. « On est dans des blocages administratifs. Or cet outil allégera notre part de travail administratif. On y gagnera tous », a conclu le Dr Neuvialle.
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique