Dialogue gouvernement/médecins libéraux

Première réunion délicate du « groupe contact »

Publié le 04/11/2010
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MANDATÉE par Roselyne Bachelot pour renouer le contact avec les médecins libéraux, Annie Podeur, patronne de la DGOS (direction générale de l’offre de soins, ministère), reçoit aujourd’hui les responsables des principales organisations syndicales de médecins libéraux (CSMF, SML, MG-France, FMF, Le Bloc). « On ne dialogue bien avec quelqu’un que si on le connaît », indiquait Annie Podeur dans un entretien accordé au « Quotidien » le 29 octobre dernier. La directrice générale ajoutait que l’ordre du jour de ces réunions était libre et qu’il serait « co-élaboré » par la DGOS et les responsables syndicaux.

Côté syndicats, on compte bien prendre Annie Podeur au mot ; les sujets à inscrire à l’ordre du jour ne manquent pas. Au Bloc, le Dr Philippe Cuq prévient que sa formation sera « très vigilante » sur les thèmes spécifiques à son électorat : permanence des soins chirurgicale, missions de service public en établissements privés, RCP (responsabilité civile professionnelle), et problématiques tarifaires. « La loi HPST en établissements, prévient-il, on va surveiller ça de près ». Malgré cela, Philippe Cuq assure n’avoir « aucun a priori », et aller à cette première réunion « dans un état d’esprit positif pour trouver des solutions ». Même état d’esprit à la FMF dont le président Jean-Claude Régi n’a pas « d’état d’âme : je vais écouter ce qu’on nous propose, on verra bien si le calendrier envisagé est tenable et le propos utile ». Mais le patron de la FMF n’a pas de proposition particulière à formuler en terme d’ordre du jour : « Il y a tellement de problèmes que les lister prendrait trop de temps », résume-t-il.

Participation sous condition.

À la CSMF, le ton est plus offensif. Le Dr Michel Chassang met à la pérennisation de sa participation au groupe contact un préalable au goût de Karcher, en exigeant « le nettoyage de la loi HPST ». Le SML n’est pas en reste. Son président, le Dr Christian Jeambrun, souhaite procéder au cours de la première réunion à « un bilan de la loi HPST » en mettant l’accent sur ce qui ne lui « convient pas ». Mais Michel Chassang va plus loin et parle déjà de « participation conditionnelle » à ce groupe, en fonction également de sa composition et de sa finalité. « Nous n’avons pas été élus pour faire appliquer la loi Bachelot », prévient-il.

Au-delà des bonnes (ou mauvaises) volontés affichées, il semble donc que ce groupe contact ne démarre pas sous les meilleurs auspices. On imagine mal la ministre de la Santé accepter de voir sa loi HPST détricotée par la CSMF et le SML, ni de passer sous les fourches caudines de ces deux formations.

Celles-ci, s’appuyant sur leurs récents succès électoraux, ont cependant prévenu que sans ce « nettoyage » préalable de la loi HPST, elles ne participeraient pas à la suite des travaux. Or, une instance de concertation qui écarterait environ 55 % des médecins n’aurait de concertation que le nom. Cette initiative ministérielle pourrait donc de se retrouver reléguée au musée des bonnes intentions.

 HENRI DE SAINT ROMAN

Source : Le Quotidien du Médecin: 8850