A trois jours du premier tour de la primaire de la droite et du centre, dimanche 20 novembre, les sept candidats dans la course aborderont-ils enfin les questions de santé ce soir, lors du troisième et dernier débat télévisuel diffusé simultanément sur France 2 et Europe 1 ?
Afin d'y voir plus clair, le « Quotidien » présente les plateformes santé d'Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, François Fillon, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire, Jean-François Copé et Jean-Frédéric Poisson (voir notre tableau comparatif) dans les principaux domaines.
Si les Français semblent plébisciter la thématique santé au fil des sondages, les responsables politiques se montrent souvent frileux lorsqu'ils s'agit de s'affirmer ou de se démarquer sur l'accès aux soins, les effectifs hospitaliers ou le financement du système de santé – redoutant sans doute la complexité et la sensibilité de ces sujets.
Haro sur l'AME et les 35 heures
Le principe même de la primaire encourage des prises de position clivantes entre candidats d'une même famille politique, en l'occurrence Les Républicains (hormis Jean-Frédéric Poisson, chrétien-démocrate). Mais sur la santé, les différences sont souvent réduites à des nuances ou à de la sémantique.
Sans surprise, les candidats de la droite n'ont guère de difficultés à se rejoindre sur l'abrogation du tiers payant généralisé et sur la fin des 35 heures à l'hôpital. L'aide médicale d'état (AME), accordée aux étrangers en situation irrégulière, est pour sa part tantôt « réformée », « remplacée », « recentrée » ou « réservée ».
Aux petits soins de la médecine de ville, tous défendent la liberté d'installation, les recettes incitatives pour mieux répartir les praticiens, ou encore le choix sans contrainte du professionnel par le patient. Les maisons de santé libérales et les stages en ambulatoire sont sanctuarisés. Dans la quasi-totalité des programmes santé, la médecine libérale est une « priorité » et le médecin traitant plus que jamais le « pivot », le « centre » ou le « cœur » du système, au choix.
L'hospitalocentrisme français n'est pas épargné et la volonté d'une autonomie budgétaire accrue volontiers affichée. Mais le traitement administré à l'hôpital n'est pas forcément identique entre les partisans de restructurations assumées (Sarkozy cite la diminution du nombre de lits, Fillon veut recomposer la carte hospitalière) et ceux qui évoquent plutôt des reconversions ou « transferts » d'activité…
La règle d'or pour Fillon
C'est d'abord sur le versant macro-économique de la santé que les impétrants marquent leur différence. Ainsi François Fillon réclame-t-il la règle d'or sur l'équilibre des comptes sociaux (interdiction de voter des budgets en déficit). Bruno Le Maire veut limiter les dépenses maladie à 1% par an, ce qui supposerait des économies massives.
Les objectifs de réduction des dépenses publiques sont plus ou moins ambitieux (lire notre interview de Bruno Cautrès). Alain Juppé, dont la réforme de la Sécu avait traumatisé le secteur en 1995, affiche un programme sans prise de risques, qui maintient le niveau de remboursement de l'assurance-maladie, contrairement à Nicolas Sarkozy qui prévoit un recul trois points du taux de prise en charge des dépenses de santé par le régime obligatoire (de 76 à 73 %). L'ancien chef de l'Etat est également le seul à établir un lien entre la prise en charge à 100 % des ALD et la bonne observance des traitements par les patients.
Personne à droite ne se risque toutefois à remettre en cause le monopole de la Sécurité sociale au profit d'opérateurs du secteur privé en concurrence, comme le défendait le MEDEF il y a quelques années. Jugeant ces programmes « préoccupants » et « à rebours de notre histoire », Marisol Touraine a dénoncé mardi au Sénat, sous les quolibets de la droite et les applaudissements de la majorité, un risque de « retour au système américain avant l'Obamacare » et « la fin du modèle [social] français ».
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