LA MINISTRE DE LA SANTÉ a précisé les contours des 200 postes de praticiens territoriaux de médecine générale qu’elle entend créer l’an prochain. La disposition inscrite dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2013 prévoit que ces généralistes se verront garantir un niveau plancher de revenus s’ils s’engagent à exercer pendant deux ans dans une zone déficitaire en offre de soins. Marisol Touraine a levé le voile sur ce montant minimal. Elle a indiqué que les praticiens territoriaux se verront garantir 55 000 euros de revenus annuels nets. Ce montant peut paraître en retrait des revenus moyens de généralistes libéraux qui se situent aux alentours de 72 000 euros. Il est cependant supérieur à la rémunération des praticiens hospitaliers d’échelon 1 qui s’élève, hors gardes et astreintes, à 40 518,12 euros nets par an.
La jeune génération réceptive.
À MG France, le président Claude Leicher juge que « cette mesure ne va quasiment rien coûter au gouvernement car dans l’immense majorité des cas, ces médecins auront des revenus supérieurs aux montants garantis ». Il estime cependant que cette mesure « symbolique » montre que le gouvernement « a compris que la médecine générale était le point de départ du parcours de soins ». Cette disposition n’a de sens que s’il s’agit de « la première mesure d’un choc pour la médecine générale », rendu nécessaire par le départ à la retraite de 13 000 généralistes d’ici 5 ans, précise le Dr Leicher.
Le président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), Pierre Catoire, ne boude pas son plaisir : « ce salaire minimal est d’un montant significatif et il me paraît adapté et incitatif. Cela donnera des garanties aux futurs praticiens qui exerceront dans des zones où il y a moins d’activité. »
Chez les internes de médecine générale l’ISNAR-IMG (internes), Emmanuel Bagourd applaudit la mesure, même si elle nécessitera d’autres dispositions touchant notamment à l’aménagement du territoire. Selon lui, ce revenu garanti « servira de parachute » aux candidats à l’installation qui « ne connaissent pas le montant des charges auxquels ils devront faire face, ni le celui de leurs futurs revenus ». Le président de l’ISNAR-IMG évoque également le cas de plusieurs médecins installés en zone sous-médicalisée, « qui se sont retrouvés face à une patientèle qui s’était organisée sans lui, par exemple grâce au pharmacien ou au service des urgences le plus proche ». Certains de ces jeunes installés ont dû dévisser leur plaque au bout de quelques mois, faute de revenus suffisants. Même s’ils ne sont qu’une petite minorité, ce niveau de revenus garanti pourrait leur être d’un grand secours, conclut Emmanuel Bagourd.
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