La surexpositon aux antibiotiques des habitants des Hauts-de-France dépasse de 10 % la moyenne nationale... qui est elle-même 30 % supérieure à la moyenne européenne.
La dose définie journalière (DDJ) d'antibiotiques pour 1 000 habitants, qui mesure l'exposition d'une population à un produit, s'élevait en 2015 dans la région à 32,4 DDJ pour 1 000 habitants par jour, selon l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), avec un pic à 34,4 DDJ pour 1 000 habitants par jour dans le Nord-Pas-de-Calais et 33,6 DDJ pour 1 000 habitants par jour en Picardie.
Pour limiter le mésusage des antibiotiques et leur surconsommation, qui favorisent l'antibiorésistance, l'ARS et l'assurance-maladie souhaitent améliorer l'information des médecins prescripteurs. ElIes mettent à leur disposition des données de DDJ détaillées, via le site Medqual (http://www.medqual.fr/) et proposent aux praticiens d'accéder aux données relatives aux prescriptions d'antibiotiques par secteur géographique (région, département, canton), par classe d'âge, par molécule, en particulier celles classées comme « critiques » par l'ANSM. Ces données sont utiles et précieuses car, selon l'ANSM, les mesures qui s'imposent ne doivent pas seulement poursuivre une réduction quantitative des volumes pour « que la consommation française rejoigne la moyenne européenne. Une évolution qualitative de la consommation doit également être recherchée. Les prescriptions inadaptées, inutiles ou trop longues doivent être évitées. Le bon usage demeure ainsi plus que jamais une priorité. »
Des infos sur cartes
Les cartes diffusées par l'ARS montrent que la consommation globale d'antibiotiques est clairement élevée dans la majeure partie des cantons du Nord et du Pas-de-Calais.
La consommation d'amoxicilline – acide clavulanique est, elle, élevée en Picardie voire très élevée dans les cantons de l'est de l'Aisne, du nord et du sud de la Somme (Doullens et Ailly-sur-Noye)...
Les médecins n'ont cependant pas directement accès à l'ensemble des données évoquées par l'ARS. Ils doivent d'abord se connecter à Medqual puis formuler une demande d'information qui devra être approuvée par l'ARS pour aboutir.
Pas au courant de cette initiative, des généralistes contactés par « le Quotidien » se sentent pointés du doigt par ce type de communication, ne voyant pas l'intérêt d'avoir accès à ces informations. Selon eux, le climat de la région et l'état de santé général de sa population influent sur le niveau des prescriptions. « C'est la pathologie qui détermine avant tout la prescription, et éventuellement les recommandations officielles... », témoigne l'un d'eux.
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique