Bientôt en test dans l’arrière-pays varois

Une cabine de télédiagnostic en renfort de la PDS

Publié le 20/10/2014
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Certains week-ends, il est impossible de trouver un médecin de garde dans les environs d’Aups (Var). L’hôpital le plus proche, à Draguignan, est à trois quarts d’heure. La cabine de télédiagnostic offrira une alternative aux 10 000 habitants du haut plateau.

Nommée « consult-station », cette cabine a été conçue par la société H4D pour apporter une réponse à l’isolement sanitaire. Équipée de capteurs médicaux (stéthoscope, otoscope, dermatoscope, ECG), elle permet de réaliser un bilan de santé complet (tension artérielle, rythme cardiaque, saturation, poids, taille, température, IMC...). Un médecin guide le patient à distance, par visioconférence.

Des tests ont déjà été réalisés au Gabon dans un but épidémiologique (suivi du paludisme). En France, quelques-unes de ces cabines sont installées dans des maisons non médicalisées pour personnes âgées, afin d’assurer le suivi de leurs constantes. Un service d’accueil des urgences en Seine-Saint-Denis l’expérimente aussi depuis le mois de mai. L’urgentiste Valérie Faure n’y trouve que des avantages : « La machine facilite l’accès à un premier bilan aux urgences. Elle fournit des données stables et complètes. Cela aide le médecin à poser un diagnostic fiable, et cela libère 50 % de temps infirmier ».

Faire voyager l’information, pas le médecin

À Aups, la cabine va être installée à côté de la caserne des pompiers. Elle sera inaugurée dans quelques semaines. Son concepteur espère, si le test est concluant le week-end, l’étendre aux soirées en semaine. Avec l’idée de vendre ou louer ses machines dans d’autres déserts médicaux. Un pas vers une médecine déshumanisée ? Lui s’en défend. « La cabine ne remplace pas le médecin, expose le Dr Sydney Sebban. L’idée, c’est de faire voyager l’information à la place du médecin et du patient. L’accès à la cabine sera régulé par le centre 15, avec les mêmes critères d’exclusion que pour l’accès à une maison médicale de garde ».

La maison médicale de garde située au Luc, 40 km au sud, assurera les téléconsultations. Les médecins libéraux de cette MMG sont partants. Ils mèneront l’interrogatoire classique et guideront le patient pour appliquer correctement les instruments de mesure automatique, et les électrodes en cas d’ECG.

Ces praticiens seront rémunérés selon la même tarification que la permanence des soins habituelle. Le médecin sera authentifié par sa carte de professionnel de santé et le patient par sa carte Vitale. Ce dernier pourra imprimer le résultat de ses mesures dans la cabine. L’ordonnance sera envoyée par mail sécurisé ou par fax à la pharmacie.

L’objectif n’est pas de « boucher les trous »

L’agence régionale de santé (ARS) PACA pilote le projet, avec l’aide du conseil général du Var. La chef du pôle urgences SAMU de l’hôpital de Toulon espère une baisse de la fréquentation des services d’urgences du Var. « La cabine ne cible pas les urgences vitales mais les symptômes, type fièvre ou douleur articulaire, qui relèvent de la consultation ambulatoire. Cette cabine apportera une réponse dans une zone où il n’y a ni maison médicale de garde, ni SOS médecin », anticipe le Dr Tiziana Platino.

« Notre objectif n’est pas de boucher les trous dans les déserts médicaux, insiste le Dr Sebban, de la société H4D. Nous avons conscience qu’il faudra du temps pour que le dispositif soit accepté. Nous formerons les médecins. Si nous évitons des transports inutiles et si la fréquentation des urgences diminue, ce sera synonyme de succès ».

Delphine Chardon

Source : Le Quotidien du Médecin: 9358