Alors que le député centriste d'Eure-et-Loir Philippe Vigier doit rendre son rapport sur l'égalité d'accès aux soins ce jeudi 19 juillet, une initiative lancée par l'Union française pour une médecine libre (UFML-Syndicat) risque de faire grincer les dents du côté des élus.
Le syndicat a mis en ligne une carte interactive qui recense des lieux « à fuir » pour ceux qui cherchent à s'installer. « Elle montre les situations parfois ubuesques qui illustrent 30 ans d’erreurs politiques et qui nous ont conduits à la désertification médicale », justifie le Dr Jérôme Marty, bouillonnant président du syndicat.
Pour identifier ces territoires, l'UFML-S a épluché les articles de presse de ces deux dernières années évoquant quatre types de problèmes : les villes où les élus locaux prônent la coercition « en affirmant que les études de médecine sont gratuites », les communes accordant des subventions aux maisons de santé « qui financent des médecines parallèles, mages et guérisseurs », les villes où les médecins hospitaliers « dénoncent les sous-effectifs et les conditions de travail mettant en danger la sécurité des patients » et les communes souhaitant inclure les médecins dans des réseaux de soins « incompatibles avec les fondamentaux du modèle de santé basé sur la solidarité, la liberté et l’égalité dans la qualité de prise en charge ».
Pour chaque ville recensée, sont affichées la photo de l'élu (maire ou député) et les raisons de cette sélection. À Bourges, le maire centriste Pascal Blanc est épinglé pour avoir prôné la coercition. « Il demande la mobilisation de la réserve sanitaire pour aller aux urgences… Où aucun médecin ne veut venir travailler ! », écrit le syndicat en guise de commentaire. Dans les Alpes-Maritimes, la ville de Valdeblore est à fuir car « la maison médicale intègre plusieurs mages (naturopathe/auriculothérapie) ». « Les finances publiques sont manifestement plus importantes que la santé des administrés ou que la crédibilité de la médecine en général », note l'UFML-S.
Châteaudun, la ville où se trouve la permanence de Philippe Vigier, ardent avocat de la méthode forte à l'installation (conventionnement sélectif) figure aussi sur la carte. « Ville avec un des laboratoires de Philippe Vigier (pharmacien biologiste = NDLR). Ville à éviter si vous désirez être un partenaire du laboratoire et non son esclave prescripteur », se lâche le syndicat.
Appel à signalement
Interrogé par le « Quotidien » sur le sérieux de l'initiative, le Dr Jérôme Marty, droit dans ses bottes, assume : « Cela peut paraître violent, mais on ne supporte plus que des politiques responsables directement ou indirectement de la pénurie médicale proposent la coercition à l'installation. Cela est encore plus violent vis-à-vis des médecins et des patients », dit-il.
Sur le site depuis le 11 juillet, la carte interactive a déjà recensé une cinquantaine de villes (et d'hôpitaux) à bannir. « Cette carte est évolutive. Les médecins peuvent nous signaler d’autres localisations à problème ou des modifications dans la situation des lieux répertoriés sur cette carte », convie le médecin généraliste de Fronton (Haute-Garonne).
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