SUR LE TERRAIN, les médecins du travail observent les risques et conseillent les employeurs dans tous les secteurs économiques. Témoignages.
• Dr Benoît Prieur : l’œil sur les traders
« D’abord généraliste, j’ai pris conscience que s’intéresser précisément aux travailleurs méritait un renforcement des connaissances. Malheureusement, il faut encore filer en Belgique pour se spécialiser sérieusement. Toujours en formation, aujourd’hui au centre médical de la bourse à Paris, je suis de près le personnel de plusieurs sociétés financières. La santé de ces salariés dépend aussi des fluctuations du CAC 40 et des menaces qui pèsent sur notre note triple A. La pression sur les gens dans ce domaine explose. L’observation et l’écoute de ces travailleurs exigent plus que jamais une compétence très particulière et la possibilité d’en prendre le temps pour comprendre, conseiller et les accompagner lorsque l’inquiétude se transforme en douleur même si elle reste silencieuse. »
• Dr Monique Petit : soigner à grande échelle
« Je suis ravie d’avoir emprunté cette voie et à 62 ans, je n’ai pas envie de m’arrêter. C’est devenu une passion, car je pense que ce métier permet de garder un contact humain sans commune mesure. On entend trop souvent dire que les médecins du travail ne soignent pas, c’est purement insensé. Lorsque l’on fait une visite d’atelier, on constate le bruit et les protections individuelles et collectives sont souvent insuffisantes. En demandant à l’employeur de faire le nécessaire, j’estime que j’ai soigné les gens à grande échelle. Mon ordonnance porte simplement sur l’ensemble de l’atelier. Sensibiliser sur les risques de l’alcool, lancer une étude sur le stress en entreprise ne permet pas de réussir à 100 %. Lorsqu’un confrère met en place un traitement thérapeutique, il n’est pas certain de le guérir non plus. Mais moi, je prends le temps et si j’ai envie de revoir trois fois les salariés dans l’année pour faire le point sur un risque précis j’en ai la possibilité. Seule la médecine du travail offre ce confort inestimable et incomparable dans l’exercice aujourd’hui. »
• Dr André Arcier : médecin des artistes
« La prise en charge des intermittents du spectacle est devenue une expertise qui n’a plus rien à voir avec la médecine générale. Le surmenage, les tendinites, la pression nerveuse aujourd’hui constatée chez ceux qui se surpassent lors d’un concert ou d’une représentation mérite un autre regard et des médecins spécialisés à l’écoute et qui prennent le temps de déceler et d’apprécier l’ampleur des difficultés. Aucun généraliste ne peut avoir le réflexe d’observer précisément le cinquième doigt de la main droite des pianistes, déceler l’arthrose précoce des percussions et des danseurs ou une dystonie de l’embouchure des flûtistes. En repoussant leurs limites corporelles et de résistance, musiciens et danseurs souffrent des gestes précis et complexes qu’ils répètent sans arrêt. En les regardant travailler, on s’étonne, on observe. Cette proximité est essentielle pour les aider dans leurs difficultés quotidiennes simplement impossibles à imaginer en consultation au cabinet. »
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