PLUS MANIABLE qu’un ordinateur portable classique et dotée des mêmes capacités communicantes, la tablette devient le complément du Smartphone pour les médecins en déplacement. Utilisateurs avertis de matériels informatiques, ils seraient de plus en plus nombreux à trouver dans leurs équipements mobiles des assistants efficaces pour accéder aux sites professionnels sur le web ou utiliser leur sélection d’applications médicales. En témoignent tout du moins les résultats des derniers baromètres du CESSIM et de l’observatoire Vidal (*).
Un médecin sur deux interrogés lors de l’enquête Vidal déclarait disposer d’une tablette, alors qu’ils n’étaient qu’un sur trois l’année précédente. Pour le CESSIM : même observation (47 % des généralistes équipés d’une tablette ; 57 % des spécialistes). Quant aux Smartphones, ils équipent, toujours selon le CESSIM, 79 % des généralistes (contre 56 % en 2012) et 78 % des spécialistes (61 % l’année précédente).
Dans la combinaison Smartphone/tablette adoptée par un nombre croissant de praticiens, l’offre Apple se taille la part du lion y compris chez les utilisateurs de PC. Si de nombreux médecins réservent encore la tablette à leurs loisirs, d’autre trouvent un intérêt professionnel à pouvoir y consulter par exemple les données biologiques de leurs patients ou les interactions médicamenteuses, et ceci plus facilement qu’ils ne pourraient le faire sur leur Smartphone.
Échanges rapides.
Ce duo technologique permet également une consultation à distance des dossiers patients, souligne Jacques Lucas, vice-président du CNOM, délégué général aux systèmes d’informations. « Avec la généralisation progressive de ce dispositif, de plus en plus de praticiens pourront facilement recueillir à distance l’avis d’un confrère sur une radio ou une photo », complète-t-il. À l’instar de l’iPhone dont le taux de pénétration n’a cessé de croître dans la profession au cours des trois dernières années, l’iPad devrait permettre progressivement d’ancrer ces échanges rapides entre praticiens au cours des cinq prochaines années, prédit-il. « Ainsi, cet équipement renforce la qualité de la relation médecin-patient plutôt que de la déshumaniser, comme je l’entends encore fréquemment », conclut-il.
En rase campagne...
Certes pratiques, nombre de ces usages connectés sont toutefois inopérants en rase campagne, signale Éric Marquaille, généraliste libéral à Gouvieux dans l’Oise. IPhone et iPad embarqués depuis deux ans lors de ses visites à domicile constituent déjà pour lui une aide au calcul de ses actes, frais kilométriques inclus. Au gré de la qualité de la bande passante de son iPhone, il accédera aux données de son patient, via une liaison Bluetooth avec son iPad. Un service dont il entend faire un usage modéré, ne serait-ce que pour conserver une certaine qualité de la relation avec ses patients : « La visite à domicile doit rester l’exception. Il n’est pas souhaitable d’entretenir l’idée selon laquelle nous pourrions apporter facilement notre cabinet chez le patient. » Une promesse potentiellement réalisable, à la disponibilité relative des réseaux de télécommunications près.
« L’usage de la tablette en visite reste finalement très limité », estime de son côté Jean-Jacques Fraslin, utilisateur très expérimenté des environnements mobiles. Visiblement plus intéressé par les capacités techniques de ces équipements que par leur usage professionnel, ce médecin généraliste implanté à Bouguenais en Loire-Atlantique aura successivement utilisé sur le terrain un des premiers iPad, puis un Androïd, pour finalement préférer la tablette Surface Pro lancée par Microsoft en mai dernier. Plus légère de 400 g qu’un PC Mini ou un Mac Book Air, son écran tactile permet à Jean-Jacques Fraslin de prendre des notes rapidement, seule pratique envisageable de son point de vue lors d’une consultation à domicile. Pour le moins, le duo Surface-Galaxy Note 2 lui offre un espace confortable pour consulter ses messages entre deux rendez-vous.
« En visite, je ne suis actuellement pas en mesure de répertorier mes actes médicaux, comme je pourrais le faire dans mon cabinet », précise de son côté Philippe Miot, généraliste libéral parisien, par ailleurs contributeur au second baromètre de l’Observatoire. Un besoin grandissant de disposer d’une trace numérique de ses actes à domicile l’incite à envisager l’acquisition prochaine d’un iPad, solution qu’il juge plus adaptée pour ses déplacements en moto. « La dernière version du logiciel Hellodoc que j’utilise dans mon cabinet pour la gestion des dossiers patients et la télétransmission des FSE est utilisable sur iPad », complète-t-il.
* Sixième baromètre du Centre d’études sur les supports de l’information médicale (CESSIM), septembre 2013 ; second baromètre de l’observatoire Vidal publié fin mai, auquel 3 138 praticiens équipés d’un Smartphone ont répondu.
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