Si j’écoute la météorologie le matin c’est afin d’adapter ma tenue vestimentaire en fonction de la température extérieure.
Ce colonel relève les azimuts de ses batteries de canons afin d’affiner la portée de ses tirs. Ce médecin d’un œil observe attentivement le patient allongé sur un lit de réanimation et de l’autre les données recueillies par les différents appareils de mesures qui lui sont reliés.
Le recueil d’une mesure n’a d’intérêt que s’il entraîne une prise de décision quant à son éventuelle modification.
À part réveiller son médecin à minuit parce qu’on a relevé un « 15/10 » une nuit d’insomnie, à quoi sert l’auto mesure tensionnelle… ? Oui, certes, quelques hypertensions qui échappent aux contrôles mensuels de renouvellement de traitements seront ainsi détectées… Pour combien de perte de « prestige » (et donc de confiance, et donc d’observance des traitements) de patients à qui l’on confère une part de nos prérogatives ?
L’auto-mesure très à la mode dans le cadre d’une autonomisation du patient, présente un dommage collatéral que les médecins, conscients de leur rôle au sein de la société, doivent si ce n’est dénoncer du moins souligner.
La définition la plus large que l’on puisse donner de la maladie est « perte d’autonomie ».
Quand j’ai un rhume, je perds l’autonomie de mon odorat… Quand j’ai une jambe cassée je perds l’autonomie de ma marche*.
Ce que vise le médecin, en connaissance, de par ses études, des règles fondamentales de la nature**, est la restauration de l’autonomie de son patient.
Une tendance actuelle, très notable entre autres en diabétologie, consiste à laisser supposer au patient qu’il est son propre médecin.
Le patient sort du service de diabétologie avec l’aval d’un médecin spécialiste, qui lui aura conféré suffisamment d’autonomie pour qu’il puisse se passer des bons conseils du médecin généraliste qui en assure le suivi depuis de nombreuses années… « Le spécialiste m’a laissé sortir parce je connais mon corps » est la phrase la plus employée par ce patient lorsqu’il opine du chef à tout ce qu’on lui dit sans plus en comprendre la moindre signification, et rentre inéluctablement dans une période réfractaire (qui émaille, un jour ou l’autre, la vie d’un diabétique).
Ce que l’on transmet comme message au patient en tentant de l’auto-autonomiser est « Vous n’êtes pas seulement un rayon… Vous êtes la roue ! »… Que l’on ne s’offusque pas alors, parallèlement, de la perte d’aura de notre profession !
** Pour Aristote, la nature est ce qui s’auto-meut.
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