Si le pire a été évité (exit le régime universel du premier quinquennat Macron qui aurait fait une croix sur les régimes complémentaires), les caisses de retraite des professions libérales restent déterminées à marquer leur terrain face aux projets incertains de réforme du gouvernement. À défaut d'avoir une vision précise du plan de l'exécutif, les représentants des caisses de retraite des médecins libéraux (Carmf), pharmaciens (CAVP) mais aussi chirurgiens-dentistes et sages-femmes (CARCDSF) ont affiché leur volonté de proposer une approche commune, lors du colloque de la Carmf, samedi dernier à Paris.
« Nous savons que la prochaine réforme sera paramétrique, avec un recul de l'âge légal qui ne touchera les médecins que de façon indirecte, mais pour le reste nous avons peu d'éléments, a avancé le Dr Thierry Lardenois, président de la Carmf. L'idée est donc de proposer des solutions alternatives et de montrer notre synergie. » « Nous voulons avoir voix au chapitre », a abondé Éric Quièvre, patron de la CARCDSF, qui se souvient de la « très forte inquiétude sur les réserves » des libéraux lors du projet de régime universel.
À 62 ans, la liberté de choisir
La feuille de route des caisses autonomes (qui ne veulent surtout pas être confondues avec les régimes spéciaux) s'articule autour de trois objectifs. Elle vise d'abord la garantie d'une retraite de base « équitable et solidaire ». Pour ce premier étage de retraite (géré par les sections professionnelles pour le compte de la CNAVPL), il s'agit d'assurer qu'à revenu égal, un euro cotisé procure les mêmes droits, avec des majorations pour les revenus modestes. Les libéraux font valoir qu'ils ont un commun le même régime de base, solidaire et géré par points.
Deuxième axe, central : le maintien de régimes complémentaires adaptés à la diversité des professions et à leurs contraintes. Après avoir été « malmenées » par le projet de système universel, les caisses de retraite des professions libérales ont pour objectif de conserver un régime complémentaire solide et surtout sa gestion autonome (gouvernance par les élus libéraux, pilotage des réserves, stratégie par profession, etc.). « Et ça fonctionne : par exemple, les pharmaciens ont opté depuis longtemps pour une capitalisation qui nous affranchit de la démographie », assume Philippe Berthelot, président de la CAVP.
Enfin, le troisième pilier est celui de la liberté de partir… dès 62 ans. « Je persiste et signe », déclare le Dr Lardenois, grand défenseur de la retraite dite « en temps choisi » mise en place chez les praticiens libéraux. Cette dernière permet un départ relativement tôt certes mais sans garantie du montant complet (avec ensuite des majorations de 5 % par an jusqu'à 65 ans — âge sans décote — puis de 3 % par an jusqu'à 70 ans). « Il y a un épuisement professionnel, explique le Dr Lardenois. Nous ne devons pas créer du désespoir en reculant l'âge de la retraite, c'est pourquoi nous voulons garder cette liberté ». Un principe assez théorique puisque l'âge moyen de départ en retraite des médecins libéraux se situe aujourd'hui, en réalité, à 66 ans et trois mois.
Aide médicale d’État (AME) : dans un centre de PMI en première ligne, deux sénateurs prennent le pouls du terrain
Un partenariat Doctolib/Afflelou ? Les ophtalmos libéraux ne font pas « tchin-tchin »
Enquête sur les restes à charge « invisibles » : 1 500 euros par an et par personne, alerte France Assos Santé
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins