La problématique de la continuité des soins est régulièrement mise sur le tapis par les différentes autorités sanitaires, et aucune réelle décision n’a été prise afin d’assurer la pérennité d’un système très bien rodé depuis plusieurs décennies. Il est vrai qu’à cette époque les médecins étaient très nombreux et n’avaient pas de scrupules à récupérer des patients du « concurrent », certains arrivaient même à doubler les gardes du secteur.
Actuellement les ARS, informées par les associations d’usagers, tentent régulièrement de réquisitionner les médecins libéraux afin que le week-end et hors période ouvrable, la permanence des soins puisse être assurée correctement sur le terrain. Malheureusement ces situations qui sont quelque peu anecdotiques se soldent par des échecs cuisants, et des publicités médiatiques dont les pouvoirs publics se passeraient.
Les zones « blanches » où il existe une absence de médecins pour assurer la permanence des soins ont été actées, et acceptées, par les politiques et les médecins il y a quelques années du fait d’une pénurie de professionnels de santé.
Non contente de tenir compte de cette situation, et afin de rajouter un peu d’huile sur le feu, la Cour des comptes a demandé instamment que les cliniques privées (elles officient avec des praticiens libéraux) assurent la permanence des soins de manière correcte en dehors des périodes ouvrables. Cette situation conforte le vœu très cher d’un député Renaissance très connu par les soignants de tout poil : M. Valletoux.
Pour la Cour de comptes, il est important qu’une collaboration entre secteur public et privé soit effective. Bien entendu nous pouvons souscrire dans un premier temps à ce point de vue tout à fait humaniste, et allant dans le sens du serment d’Hippocrate soutenu lors du passage des thèses des étudiants.
Une vision qui manque de discernement
Cependant avant toute chose, il est fondamental de mieux comprendre les raisons qui conduisent les soignants libéraux à ne pas accepter cette permanence des soins imposée par les administratifs enfermés dans leur tour d’ivoire. Les collègues des établissements hospitaliers assurent les gardes au sein de leur structure, mais en compensation obtiennent un crédit sur des congés ultérieurs voire une période de repos compensatrice.
Les libéraux ne déméritent pas comme la Cour des comptes peut le laisser supposer. La plupart de ces professionnels de santé du privé ont une charge de travail importante, et travaillent en moyenne plus de 50 heures par semaine. Nous ne devrions pas oublier que la pénurie des soignants est aussi à l’origine d’un surcroît de travail que ces libéraux subissent, et nombreux sont ceux qui arrivent à majorer cette amplitude de labeur de 5 à 10 heures (et je suis gentil…).
Nous ne devons pas cracher sur des professionnels du secteur privé. Ils aiment, tout comme ceux œuvrant dans le public, leurs patients et assurent pour la très grande majorité d’entre eux des soins de qualité. De plus certains libéraux, dans un souci de prise en charge correcte des patients, viennent en soutien des collègues hospitaliers pour que les gardes soient moins difficiles à assumer. On perd de vue que ces soignants acceptent, contre fortune bon cœur, de sacrifier leur vie privée pour les patients. Cependant ce qu’oublient facilement nos autorités administratives, c’est qu’il est difficile de charger la mule dès lors que ces libéraux consacrent plus de 50 heures auprès de leurs patients.
De plus il est important à mes yeux de reconnaître le travail, et le rôle de ces médecins œuvrant dans les cliniques, et qui sont pour la plupart la pierre angulaire du système de soins.
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