« En ne posant pas de lapin à votre médecin, votre rendez-vous profitera à quelqu’un ». Destinée à sensibiliser les patients au bon usage du système de santé, la campagne nationale de l’Assurance-maladie diffusée en octobre 2023 n’aura pas suffi. Le phénomène des rendez-vous non honorés est revenu sur le devant de la scène depuis la déclaration de politique générale de Gabriel Attal du 30 janvier. Le Premier ministre entend mettre en place une taxe lapins dès cette année. Mais comment ?
Sujet de crispation chez les médecins, le phénomène concernerait 6 à 10 % des patients qui ne se présenteraient pas en consultation chaque semaine, citaient le Conseil national de l’Ordre des médecins et l’Académie de médecine début 2023. Ce qui représenterait 27 millions de rendez-vous chaque année. Cette semaine, le syndicat MG France a remis une pièce dans la machine avec un sondage réalisé auprès de ses adhérents. Chez les 1 000 généralistes interrogés, ce sont en moyenne 2,5 rendez-vous par semaine qui sont délaissés par les patients. Soit, après extrapolation par le syndicat, 6,5 millions de lapins par an pour 251 millions d’actes effectués (environ 2,6 %). Et les avis sont partagés sur le caractère « insupportable » de ces lapins. C’est le cas pour un tiers des omnipraticiens, tandis qu’un deuxième tiers profite de cette « respiration » pour « se détendre ou rattraper son retard ». Les autres ne « s’en préoccupent pas ».
Qui pour dénoncer le patient indélicat et prouver qu’il ne s’est pas présenté sans prévenir le praticien ?
Difficile à évaluer, le phénomène l’est aussi à réguler. Le gouvernement a d’ailleurs retiré l’amendement ajouté par les sénateurs dans le projet de loi de la Sécurité sociale fin 2023, puis vient de promettre une mesure dans l’année. Mais avant d’appliquer une taxe, il faudra déjà déclarer ces lapins. Qui pour dénoncer le patient indélicat et prouver qu’il ne s’est pas présenté sans prévenir le praticien ?
Se pose également la question du montant de cette pénalité ! Les associations de patients alertent sur un tel dispositif qui pourrait concerner les plus faibles, parfois dans l’incapacité de se rendre à un rendez-vous et de prévenir. Enfin, à qui bénéficierait-elle ? Pas forcément directement aux praticiens. L’article R4127-53 du code de la santé publique ne laisse aucun doute : « les honoraires du médecin (…) ne peuvent être réclamés qu’à l’occasion d’actes réellement effectués ». Alors cette manne financière ira-t-elle dans les caisses de l’Assurance-maladie ? Un budget supplémentaire pour revaloriser les tarifs de la consultation ? Sait-on jamais…
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