Son nom se retient tout seul : #doctoctoc, comme si, littéralement, on frappait à la porte du cabinet d’un confrère pour demander une information. Ce fil Twitter plaît beaucoup aux généralistes, selon différents professionnels interrogés. Parmi ses utilisatrices, nous avons contacté DocFlying, pseudo d’une médecin généraliste installée dans les Alpes-Maritimes. « J’aime bien utiliser #doctoctoc pour confirmer un diagnostic, en confrontant des points de vue avec des confrères. Cela permet de se rassurer et d’échanger des avis sur des cas qui sortent un peu de l’ordinaire », nous confie-t-elle. Ces échanges sur le fil Twitter ne remplacent pas, bien sûr, la consultation, ni la formation continue. Mais ils permettent de se mettre à jour. « On a parfois oublié le nom d’une infection virale ou d’un syndrome. Ces échanges rapides sur #doctoctoc nous rafraîchissent la mémoire », ajoute DocFlying.
Prudence
Certains praticiens s’en servent aussi lorsqu’ils ne savent pas quoi faire par rapport à un problème urgent. Des réponses pratiques arrivent. D’autres médecins l’utilisent pour répondre à des questions matérielles, comme le choix d’un nouveau tensiomètre. C’est aussi un lieu où l’on parle franchement de son vécu, entre confrères. « Mon top 10 de mes motifs de consultation, toutes espèces confondues : 1) pas en forme ; 2) pas en forme ; 3) pas en forme… », écrit l’un d’eux.
C’est précisément « parce qu’il évite le syndrome de la médecine seule dans son coin » que le docteur Boson de Guiz – pseudo du Dr Guiz, interne en huitième année à Lille, futur médecin généraliste – apprécie particulièrement ce fil. À condition bien sûr de ne pas prendre tous les commentaires qui circulent pour argent comptant. DocFlying en est bien consciente. « L’inconvénient, c’est que le grand public peut s’insérer au milieu des médecins, parmi les gens qui répondent lorsque l’on demande un diagnostic. On ne sait pas toujours qui est derrière les pseudos. Mais assez vite, on voit si c’est sérieux ou pas. » C’est « le » problème numéro un de ce type de compte. Personne ne sait vraiment si le pseudo qui donne son avis à un confrère a fait médecine ou non…
Confidentialité
Il faut aussi veiller à anonymiser les photos des patients que l’on poste. Sur #doctoctoc, on trouve des gros plans de mains, de bras ou de jambes avec des plaies, ou des rougeurs suspectes, qui permettent de recueillir des avis sur des cas de dermato. Ce qui peut poser problème si le patient se reconnaît. « La confidentialité est une question importante. Quand je donne un avis, je considère que le médecin qui a posté la photo a demandé au préalable l’accord du patient », nous précise Boson de Guiz.
#doctoctoc a été créé par une communauté de médecins francophones en 2007. Il a connu un nouveau départ à partir de 2017, lorsque l’entrepreneur Jérôme Pinguet a développé le robot #doctoctocbot : « J’estime qu’environ 2 000 médecins suivent ce compte. Grâce à la communauté et à ce petit outil, on peut répondre à presque toutes les questions médicales professionnelles se rapportant à toutes les spécialités, parfois en quelques minutes ». Il rappelle les règles de prudence mises en place : « #doctoctoc est une communauté de professionnels. Nous n’acceptons de demandes d’abonnements que de professionnels de santé ou d’étudiants en médecine ». Mais, dans la pratique, il est parfois difficile de filtrer tout le monde. Incontestablement, #doctoctoc correspond à une attente nouvelle de praticiens, souvent isolés dans leur pratique quotidienne et qui ont un besoin majeur d’échanger.
Marc Payet
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