DPC, DIU, e-learning… l’offre de formation se met en place

Publié le 03/06/2019
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Qu’ils se déroulent sur trois heures, deux jours ou une année universitaire… les programmes de formation – ou au minimum d’accompagnement – à la télémédecine ont pour premier effet de rassurer les professionnels.

« Je me suis battu pour que l’on inscrive la télémédecine dans les orientations prioritaires du développement professionnel continu », déclare le Dr Jean-François Thébaut, président du Haut Conseil du DPC. C’est chose faite depuis un arrêté du 20 décembre dernier. Une « Orientation n° 35 », intitulée « Maîtrise de la qualité et de la sécurité des actes de télémédecine », prend donc acte de la nécessité d’« une évolution des compétences des professionnels de santé qui ne se limite pas aux aspects techniques mais implique […] de s’adapter à de nouvelles formes de relation avec le patient, avec les autres professionnels et de maîtriser les spécificités des actes de télémédecine ». Mi mai, une recherche de session Télémédecine, sur le site de l’ANDPC (7), avec le critère « médecine générale », donnait une trentaine de résultats.

« Les professionnels doivent s’entraîner à exécuter de nouveaux gestes, à faire intervenir d’autres sens, à être véritablement en position d’écoute active et à savoir faire confiance aux outils », témoigne Lydie Canipel, qui observe que la formation a surtout l’effet de rassurer les professionnels. La présidente de FormaTic Santé organise régulièrement des sessions de deux jours qui balaient tous les fondamentaux à connaître, des aspects juridiques et éthiques aux facteurs de réussite d’une coopération interprofessionnelle, en passant par les retours d’expérience de confrères.

Privilégier la simulation

« La formation classique sur deux jours est nécessaire pour acquérir un fondement scientifique professionnel, déontologique et juridique, découvrir les enseignements de la littérature médicale », approuve Pierre Simon, convaincu que la pratique de la télémédecine, « ça ne s’invente pas ». Il insiste pour que ce volet théorique soit complété par une mise en pratique, que ce soit à l’occasion d’un stage ou via une plateforme de e-learning. Pour le Pr Thierry Moulin, c’est la simulation qui devrait être privilégiée. Mais cela exige sans doute de se tourner vers une formation plus longue, telle que le DIU national de télémédecine.

Ce diplôme interuniversitaire invite en effet ses étudiants à passer 12 heures dans un laboratoire de télémédecine afin de réaliser une séance de simulation d'un cas clinique. Mis en place par l’Université de Bordeaux, en collaboration avec les Universités de Besançon, Lille (Lille 2 et Université Catholique de Lille), Montpellier et Nantes, et validant au titre du DPC, ce cursus comporte soixante heures réparties en six modules dont trois en présentiel et trois en e-learning ou visio-conférence. Il ne compte toutefois que 115 inscrits pour l’année en cours, parmi lesquels 60 % de médecins. « La demande d’inscriptions était nettement supérieure, mais nous n’aurions pas pu assurer tous les stages », explique Nathalie Salles, sa coordinatrice nationale.

Face à des besoins pédagogiques qui promettent de croître rapidement, plusieurs plateformes ne sont pas restées inactives, qu’elles soient commerciales, ou d’initiative territoriale et conçues sous la houlette des Agences régionales de santé.

Trois heures de formation pour un utilisateur de niveau moyen

Sous la dénomination d’Academy, Qare propose par exemple des modules adaptés au niveau de connaissances informatiques du médecin qui rejoint la plateforme de téléconsultation. « La majeure partie a un niveau plutôt basique, note Alexandre Maisonneuve, co-fondateur et directeur médical. Un utilisateur de niveau moyen doit compter 3 heures de formation. Il choisit son rythme, sur une journée, une semaine, un mois. » L’apprentissage porte sur deux thèmes : « en premier lieu, la relation au patient, la reformulation, les risques et précautions ; et puis l’usage de l’outil lui-même, ses fonctionnalités, la réalisation de la feuille de soins électronique, etc. Sans oublier la vérification de la qualité de connexion ». 115 premiers médecins sont déjà passés par la Qare Academy et 250 vont bientôt rejoindre leurs rangs.

En Ile-de-France, le Groupement de coopération sanitaire SESAN (Service numérique de santé) a développé une plateforme de e-learning (8) pour accompagner les utilisateurs d’ORTIF (Outil Régional de Télémédecine d’Île-de-France) dans leur prise en main de l’ensemble des services. Objectif : développer les usages. « Les professionnels ne connaissent pas et n’utilisent pas toutes les fonctionnalités qui sont à leur disposition », constate Chloé Wozniak, Responsable e-formation au GCS. Grâce au e-learning, ils peuvent désormais se familiariser avec l’outil via des cas d’usages très précis : une demande d’avis en neuroradiologie, une téléconsultation en gériatrie… En outre, des cours et exercices sont à leur disposition, de même que des témoignages d’acteurs. Principal intérêt de cet accompagnement : la mise en situation, d’autant plus que les formations en visio conférence, lancées au début de l’année, se déroulent sur la plateforme même.

7 https://www.agencedpc.fr/formations-dpc-rechercher-un-dpc
8 La prochaine session a lieu le 4 juin. https://www.formaticsante.fr/formations/nos-programmes/formation-a-la-t… : http://formation.sesan.fr/ortif/

D.L.

Source : Le Quotidien du médecin: 9754