Les effets nocifs du tabac sur l’érection sont connus depuis de nombreuses années et aujourd’hui bien documentés. Une étude épidémiologique de cohorte (1) avait déjà montré en 2000 que les fumeurs présentaient deux fois plus de troubles de l’érection que les non-fumeurs (OR = 1,98); cette étude concernait des hommes âgés de 40 à 70 ans suivis pendant huit ans. De nombreuses études ont confirmé ce lien tabac-dysérection et une méta-analyse récente (2) concluait à un risque ajusté de 1,81 chez les fumeurs.
L’impact de l’effet délétère du tabac sur l’érection est fonction de l’âge des fumeurs. Une étude de 2005 (3) a questionné des hommes âgés de 40 à 79 ans. Sur 1 330 individus ayant un partenaire régulier, 173 étaient des fumeurs réguliers, 836 des anciens fumeurs et 203 rapportaient une dysfonction érectile. Comparativement aux anciens fumeurs ou aux sujets n’ayant jamais fumé, les fumeurs réguliers de 40 à 50 ans avaient le plus grand risque relatif de développer une dysfonction érectile (OR = 2,74). L’OR étant de 1,38 pour les hommes de la cinquantaine, de 1,70 pour ceux de la soixantaine et de 0,77 pour les hommes de 70 ans et plus.
Des dommages probablement réversibles à l’arrêt du tabac
L’apparition de la dysfonction érectile dépend de la durée de l’intoxication tabagique. Ainsi, le risque est de 1,6 si elle est supérieure à 20 ans et d’environ 1,2 si inférieure ou égale à 20 ans (4).
Plusieurs études ont mis en évidence que l’importance de la consommation quotidienne de tabac s’accompagnait d’une augmentation du risque de trouble érectile avec un OR aux alentours de 2,3 si la consommation est› 30 cig/j, de 1,5 pour 20 à 30 cig/j et de 1,3 pour une consommation ‹ 20 cig/j
Ceci est encore plus vrai chez les jeunes fumeurs. En effet, une étude italienne (5) sur des sujets âgés de 18 à 44 ans a montré que la fréquence de la dysérection est de 43 % si la consommation est supérieure à 20 cigarettes versus 17 % si la consommation est inférieure à 10 cigarettes.
Quant au bénéfice de l’arrêt du tabac sur la dysfonction érectile, les études ne sont pas consensuelles. Mais des enquêtes existent qui révèlent que les dommages sont réversibles surtout si l’arrêt est précoce (avant 50 ans) et si la dysérection est peu sévère et sans autres facteurs de risque associés. On sait néanmoins que l’amélioration des troubles survient plus souvent chez les sujets jeunes et d’autant plus rapidement que la durée du tabagisme est courte.
(1) Feldman HA et al. MMAS Prev. Med 2000;30:328.338
(2) Cao S. et al. Smoking and Risk of Erectile Dysfunction: Systematic Review of Observational Studies with Meta-Analysis. PLOS ONE; April 3, 2013
(3) Gades NM, Nehra A, Jacobson DJ et al. Association between smoking and erectile dysfunction: A population based study. American Journal of Epidemiology. 2005;161:346-351
(4) Mirone V, Imbimbo C, Bortolotti A, et al. Cigarette smoking as risk factor for erectile dysfunction: results from an Italian epidemiological study. Eur Urol 2002;41:294–7
(5) Natali A et al. Heavy smoking is an important risk factor for erectile dysfunction in young men.
Int J Impot Res. 2005;17(3):227-30
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