La survenue d’un syndrome coronaire aigu est souvent le moment où un fumeur prend conscience des dangers du tabac et souhaite arrêter de fumer. Peut-on l’aider par un moyen pharmacologique qui serait efficace et bien toléré ? C’est ce qu’a évalué l’étude Evaluation of Varenicline in Smoking Cessation for Patients Post-Acute Coronary Syndrome (EVITA).
Il s’agit d’un essai thérapeutique contrôlé, conduit en double aveugle contre placebo dans 40 centres investigateurs aux États-Unis et au Canada. L’objectif était d’évaluer une hypothèse de supériorité du traitement par varénicline par rapport au placebo : la possibilité d’obtenir une cessation du tabagisme (validée biologiquement par le taux de monoxyde de carbone exhalé inférieur ou égal à 10 ppm), à 24 semaines, chez des patients ayant un tabagisme actif à plus de 10 cigarettes/j, hospitalisés pour un syndrome coronaire aigu (SCA) et motivés pour arrêter de fumer. Le traitement évalué était la varénicline à 1 mg 2 fois par jour, prescrite pour 12 semaines, ou son placebo.
Une aide certaine…
Les 302 patients inclus avaient une ancienneté moyenne du tabagisme de 36 ans et 56 % étaient hospitalisés pour un syndrome coronaire aigu avec sus-décalage du segment ST.
Le traitement a été débuté lors de l’hospitalisation, en moyenne 2 jours après l’admission. La longueur moyenne du séjour hospitalier a été de 3 jours.
À 24 semaines, les taux de patients ne fumant plus depuis au moins 7 jours, ont été de 47,3 % dans le groupe varénicline et de 32,5 % dans le groupe placebo, la différence étant significative (p = 0,012). Les taux respectifs de patients ayant réduit d’au moins 50 % le nombre de cigarettes fumées quotidiennement ont été de 67,4 % et 55,6 %, différence elle aussi significative en faveur de la varénicline (p ‹ 0,05).
Les taux d’effets indésirables n’ont pas été différents entre les groupes, mais il y a eu une plus grande fréquence de rêves anormaux dans le groupe varénicline (15,2 %) que dans le groupe placebo
(4,6 % ; p‹ 0,01 pour la comparaison).
…avec des nuances
Ainsi, la varénicline apparaît efficace et bien tolérée, même prescrite dès la phase précoce d’un syndrome coronaire aigu. Mais le taux de fumeurs à 6 mois reste important (plus de 50 %); l’étude n’a peut-être pas eu la puissance suffisante, notamment en termes de nombre de patients, pour détecter certains effets indésirables qui pourraient être graves. Enfin, un traitement par substitut nicotinique dans le groupe contrôle aurait permis une meilleure appréciation de l’apport du traitement en pratique médicale courante.
Article précédent
Bientôt un antidote universel des anticoagulants anti-Xa
Une étude qui change la donne
Est-ce un signe de bon pronostic ?
Une nouvelle molécule originale
Pas de bénéfice dans l’insuffisance cardiaque
L’empagliflozine diminue le risque d’insuffisance cardiaque
Que faire en pratique ?
Bientôt un antidote universel des anticoagulants anti-Xa
La varénicline pourrait être prescrite dès l’hospitalisation
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024