En France en 2011, après un infarctus du myocarde, seuls un tiers des patients ont été pris en charge en soins de suite, et seulement 22 % ont suivi un programme de réadaptation cardiaque. Parmi eux, très peu de sujets âgés (12 %)...
S'organiser pour les sujets âgés
Pourtant, les études le prouvent, la réadaptation cardiaque est bien tolérée chez les sujets âgés et elle est aussi efficace que chez les patients plus jeunes. Il s'agit bien sûr de patients moins performants au quotidien, très sensibles au déconditionnement et qui présentent fréquemment des comorbidités telles qu'une insuffisance rénale, une anémie, une hypotension orthostatique ou encore des troubles cognitifs. Des spécificités dont il faut tenir compte, en étant particulièrement attentif au dépistage des troubles nutritionnels et cognitifs, à l'échauffement et à la récupération, au risque de chute et à la qualité du chaussage. Et s'il est recommandé de proposer une réadaptation à tous les patients éligibles, ceci implique sans doute de revoir les organisations existantes, en développant par exemple des programmes pour un suivi en externe dans des structures moins complexes, voire des programmes pouvant être réalisés à domicile ou à terme en télémédecine. "La réadaptation chez le sujet âgé n'est pas un luxe, mais un véritable traitement efficace », a souligné le Dr Pascal Guillo. "Les structures de réadaptation doivent s'organiser pour répondre à cette demande théorique".
Un réel bénéfice pour les jeunes
Une autre population de patients insuffisamment prise en charge en réadaptation cardiaque: les sujets jeunes, non pas tant après un infarctus du myocarde qu'après une angioplastie programmée. Dans ce contexte, une étude de la Mayo Clinic souligne les bénéfices à long terme de la réadaptation, qui s'accompagne à 10 ans d'une réduction de 45 % de la mortalité totale et de 31 % des décès cardiovasculaires. Une autre étude, menée au Royaume -Uni, met en évidence l'impact positif de la réadaptation sur de nombreux paramètres tels que la pression artérielle, le taux de cholestérol, le statut tabagique ou l'indice de masse corporelle, mais aussi l'anxiété et la dépression chez ces patients jeunes, souvent non adressés en réadaptation par crainte d'une sténose de stent. "Une crainte non justifiée car à l'inverse, la réadaptation permet d'améliorer la dysfonction endothéliale. Et surtout, elle permet souvent de convaincre ces patients encore en activité d'adopter un mode de vie plus sain et de suivre leur traitement, dans le cadre de la prévention secondaire. Le stent traite une lésion coronaire mais pas l'athérosclérose", a rappelé le Dr Marie-Christine Iliou.
La France est très en retard, elle n'est pas le seul pays d'Europe dans ce cas, du fait d'un déficit de moyens qui impose d'innover afin là aussi de proposer des solutions plus adaptées.
Adapter les programmes aux femmes
Troisième groupe de patients "oubliés" de la réadaptation: les femmes, pour lesquelles le taux d'admission en centre de réadaptation était sur la période 2010-2014 de 24,9 % comparativement à 29,6 % chez les hommes, après ajustement sur l'âge. Les recommandations ne font pourtant pas référence au sexe, mais le constat est là: les femmes vont moins souvent en réadaptation et adhèrent moins aux sessions. Alors que chez celles suivant dans son intégralité le programme, le gain en termes de réduction de la mortalité est supérieur à celui rapporté chez les hommes (odd ratio de 0,36 vs 0,51). Il est donc important de lever les barrières, qui tiennent à la fois des patientes, volontiers plus âgées, avec plus de comorbidités, notamment maladies rhumatologiques, dépression, surpoids, mais aussi de l'environnement. "Les femmes ont souvent plus de contraintes familiales, et en particulier ne peuvent ou ne veulent pas laisser leur conjoint seul à la maison ", a souligné le Dr Sophie Kubas. Il faut sans doute là encore adapter les programmes. Des sessions réservées aux femmes sont proposées dans certains centres aux Etats-Unis, avec des résultats encourageants, mais cette approche va de pair avec des problèmes d'organisations et de coût.
D'après les communciations des Drs Pascal Guillo, Rennes, Marie-Christine Iliou, Issy-les-Moulineaux, et Sophie Kubas, Ballan-Miré.
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