L’an dernier, l’étude COLCOT, dont les résultats avaient été présentés lors du congrès de l’American heart association, avait démontré les bénéfices d’un traitement par colchicine à faible dose administrée dans les 30 jours après un syndrome coronaire aigu pour réduire le risque de nouvel événement coronaire. Après deux ans de suivi, les auteurs avaient rapporté une baisse significative de 23 % en intention de traiter et de 29 % en per protocole du risque combiné de décès cardiovasculaires, arrêts cardiaques ressuscités, infarctus du myocarde (IDM), accidents vasculaires cérébraux (AVC) et réhospitalisations urgentes pour angor nécessitant une revascularisation.
Cette année, à l’occasion du congrès virtuel de l'ESC, la colchicine fait à nouveau l’actualité, cette fois dans la maladie coronaire stable, avec les résultats très positifs de l’étude LoDoCo2, qui ont été parallèlement publiés dans le NEJM (1).
Plus de 5 000 patients inclus
Cette étude prospective commencée en 2014 en Australie, puis étendue deux années plus tard aux Pays-Bas, avait randomisé 5 522 patients pour recevoir, en plus du traitement conventionnel habituel, de la colchicine à la posologie de 0,5 mg/jour ou un placebo. Ils ont ensuite été suivis pendant une durée médiane de 29 mois (12 à 64 mois). Au terme de ce suivi, le critère primaire d’évaluation, qui associait décès cardiovasculaires, IDM, AVC ischémiques et revascularisation guidée par l’ischémie a été significativement réduit de 31 % dans le bras colchicine vs placebo (OR 0,69, IC 95 % 0,57-0,83, p < 0,001). Ces bénéfices s’observent sur quasi tous les paramètres du critère primaire pris individuellement (exception faite notamment des AVC ischémiques), ainsi que dans tous les sous-groupes préspécifiés de patients, quels que soient le sexe, l’âge, le statut tabagique, la présence ou non d’une hypertension artérielle ou d’un diabète, la fonction rénale, les antécédents de revascularisation ou de syndrome coronaire aigu.
Des effets indésirables surtout gastro-intestinaux
Le traitement s’est révélé bien toléré, sans différence avec le placebo quant à la survenue de diagnostic de nouveau cancer, d’hospitalisation pour infection, pneumonie ou problèmes gastro-intestinaux, de neutropénie ou de myotoxicité. Les décès non cardiovasculaires ont été plus fréquents dans le groupe colchicine, 0,7 événement/100 personnes/an contre 0,5 dans le groupe placebo (OR 1,51), différence toutefois non significative. Le taux d’interruption de traitement a été comparable dans les deux bras de traitement.
« Au total, 11 % des patients qui avaient débuté le traitement par colchicine ne l’ont pas toléré, principalement du fait d’effets secondaires gastro-intestinaux », a précisé le Dr Massimo Imazio, chargé de commenter ces résultats lors de leur présentation en séance plénière.
Des résultats très positifs donc, rapportés avec une molécule isolée pour la première fois il y a exactement 200 ans et qui dans ce contexte a été utilisée à faible dose, sans dose de charge. « On sait que la colchicine est douée d’effets anti-inflammatoires pléiotropes, et au niveau de la plaque d’athérome, elle pourrait inhiber l’activation de l’inflammosome selon des travaux récents », a poursuivi le spécialiste italien.
Selon lui, sa prescription éventuelle nécessiterait toutefois une surveillance régulière, notamment de la numération formule sanguine et des enzymes hépatiques et musculaires, ainsi qu’une vigilance sur des possibles interactions médicamenteuses.
D’après les communications des Prs Mark Nidorf (Australie) et Massimo Imazio (Italie) (1) https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2021372
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