Dermatoporose

Attention fragile

Par
Publié le 21/02/2019
Article réservé aux abonnés

La fragilité cutanée des personnes âgées les expose, pour des traumatismes parfois minimes, à des plaies ou déchirures cutanées qui, sur un terrain vasculaire insuffisant, sont bien souvent point de départ de plaies chroniques.

Par analogie avec l’ostéoporose, on parle de « dermatoporose » pour décrire l’ensemble des manifestations liées au vieillissement cutané, responsables d’atrophie cutanée, de purpura sénile, de pseudocicatricess stellaires, de retards de cicatrisation, d’hématomes disséquants. Cette dermatoporose est favorisée par les anticoagulants, les corticoïdes, l’insuffisance rénale.

Le moindre choc peut entraîner des plaies ou des déchirures cutanées délicates à prendre en charge. Les plaies sont fréquentes et trop souvent banalisées. Les soins, souvent douloureux, peuvent être réalisés soit avec une anesthésie locale qui n’infiltre pas la plaie mais seulement sa périphérie soit par une anesthésie tronculaire. La plaie doit être explorée à la recherche de corps étrangers, nettoyée par lavage simple et/ou brossage à l’eau et au savon. Le pansement en milieu humide est réalisé avec des hydrocellulaires ou des hydrocolloïdes pour absorber les exsudats, des alginates en cas de saignements. Il ne faut pas employer d’adhésifs directement sur la peau.

Les déchirures cutanées correspondent à des lacérations entre derme et épiderme, parfois plus profondes sur les peaux très atrophiques. L’anesthésie locale ne doit pas contenir d’adrénaline, qui risquerait de nécroser le lambeau cutané. Après nettoyage et exploration de la plaie, il faut enlever les tissus nécrosés et repositionner le lambeau. Même s’il se rétracte, la perte de substance en sera limitée. On ne doit utiliser ni points ni agrafes sur cette peau fragile. Le pansement primaire est imprégné de corps gras et sera entouré de compresses et d’une bande. Le pansement sera refait tous les jours ou tous les deux jours ; il est fortement conseillé de dessiner une flèche sur le pansement indiquant le sens du retrait pour ne pas risquer de décoller le lambeau.

Communication de la Dr Hester Colboc, dermatologie (Paris)


Source : Le Quotidien du médecin: 9726