Brûlure chez l’enfant : anticiper la croissance

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Publié le 21/03/2024
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La prise en charge des brûlures de l’enfant n’est pas différente de celle pour l’adulte sur le plan technique, mais les choix thérapeutiques sont surtout guidés par les problèmes de croissance à venir.

Avant l’âge de 5 ans, la majorité des brûlures sont palmaires

Avant l’âge de 5 ans, la majorité des brûlures sont palmaires
Crédit photo : SCIENCE SOURCE/PHANIE

Les brûlures de la main sont fréquentes chez le petit enfant entre 1 et 3 ans, à l’âge où on découvre le monde par le toucher.

Elles sont donc le plus souvent palmaires (85 % des brûlures de la main isolées des moins de 5 ans). Elles surviennent en majorité par contact avec des liquides chauds (près de 65 %) et avec un solide chaud (9 %) –porte de four, insert, fer à repasser. Enfin, 7 % des brûlures sont d’origine électrique.

La croissance de la main est très importante à cet âge : la moitié se fait entre 2 et 8 ans.

« La plupart des brûlures de la main de l’enfant respectent le tissu sous-cutané. Les brûlures par liquide chaud sont de profondeur intermédiaire le plus souvent. La prise en charge à la phase aiguë repose sur des pansements posturants, permettant de lutter contre les rétractions, avec un maintien en position cutanée maximale, explique la Dr Anne Le Touze (CHRU de Tours). Les soins peuvent être réalisés en externe avec un regard spécialisé. »

Il ne faut pas négliger la prise en charge de la douleur par des antalgiques : paracétamol 15 mg/kg toutes les six heures à donner une heure avant le soin, ibuprofène ou tramadol en gouttes, ou encore morphine (Oramorph 0,2 mg/kg une demi-heure avant le soin) ou protoxyde d’azote Meopa. L’analgésie peut aussi être non médicamenteuse : sur les genoux d’un parent, tétine, musique, chant, casque à réalité virtuelle pour les plus grands.

Délai de dix jours

Dès lors que la cicatrisation n’est pas obtenue en une dizaine de jours, un avis spécialisé s’impose pour limiter les séquelles, qui pourraient avoir des conséquences fonctionnelles, puis sur la croissance de la main.

Si la brûlure est profonde d’emblée, des escarotomies peuvent être nécessaires pour des lésions profondes circulaires ou de la face dorsale. Elle bénéficiera de pansements quotidiens, ce qui permet une évaluation de l’évolution, qui déterminera la nécessité ou non d’une greffe, généralement entre J15 et J21.

Une fois la cicatrisation acquise, des orthèses sur mesure peuvent être portées pour stabiliser la cicatrice dans la position cutanée maximale, dont le port discontinu pour une réappropriation de la main. Pressothérapie, ergothérapie, massages sont aussi indiqués. Une fois la cicatrice stabilisée, il faut suivre la croissance jusqu’à l’âge de 16 à 18 ans.


Source : Le Quotidien du Médecin