UN RAPPORT récent de la DHOS (Direction de l’Hospitalisation et de l’Organisation des Soins) insiste sur la place de la télémédecine (téléconsultation, télé-expertise, télésurveillance et téléassistance) dans l’organisation des soins (JORF octobre 2010). De plus, rappelle le Pr Bruno Guerci, le Conseil National de l’Ordre des Médecins a reconnu en 2009 que l’acte de télémédecine est un acte médical à part entière. Qu’en est-il dans le diabète ? La télémédecine existe dans le diabète depuis une vingtaine d’années sous forme de consultation téléphonique (étude DCCT). La transmission des données glycémiques au médecin traitant se fait de plus en plus par SMS ou e-mail avec retour du soignant par la même voie. De plus, les systèmes électroniques « actifs » d’aide à la décision, de type Smartphone, se développent car ils permettent au patient un feedback automatique immédiat. Une enquête sur 350 patients diabétiques a montré que 32 % des DT1, 14 % des DT2 sous insuline et 15 % des DT2 hors insuline, possédaient un Smartphone. Le système Diabéo® est un des premiers systèmes à utiliser cette technologie dans le diabète. Le patient introduit ses données de glycémie et d’alimentation. Diabéo® calcule la dose d’insuline correspondant à la situation, selon la prescription et propose éventuellement des adaptations de la prescription en fonction des résultats obtenus.
L’étude TELE-DIAB1.
Le système Diabéo® a été testé dans un essai national multicentrique randomisé chez des patients ayant un DT1 de plus d’un an (HbA1c ≥8 %) et recevant de l’insuline soit en basal/bolus, soit avec une pompe depuis plus de 6 mois (1). Trois groupes de 60 patients ont été constitués :
– consultations classiques de 30 minutes tous les 3 mois ;
– smartphone Diabéo® + consultations classiques de 30 minutes tous les 3 mois ;
– smartphone + consultations téléphoniques courtes.
Il s’agissait de sujets DT1 « technophiles », d’âge moyen 30-35 ans, impliqués dans la technologie du diabète (un tiers d’entre eux était traité par pompe) et dont l’HbA1c moyenne était de 9,1 % à l’entrée dans l’étude. La télémédecine a eu un effet positif puisqu’à 6 mois, l’amélioration de l’HbA1C était de 0 % dans le groupe 1, de 0,7 % (p = 0,02) dans le groupe 2 et de 0,9 % (p < 0,002) dans le groupe 3. Un autre résultat intéressant en vue d’un éventuel remboursement est le fait que si le temps de consultation est similaire dans les trois groupes (1,2 heure), le temps de prise en charge (temps de consultation + gestion du patient + transport et attente du patient + absence au travail) a été considérablement réduit (p≤0,001) dans le groupe 3 : 1,2 heure versus 7,1 heures dans le groupe 1 et 8,1 heures dans le groupe 2. La télémédecine en diabétologie a donc aussi un intérêt médico-économique. Par ailleurs, plus de deux tiers des patients étaient satisfaits et ont souhaité continuer. « Nous allons devoir modifier notre organisation et nous engager dans l’aide à la téléconsultation et au télémonitoring » conclut le Pr Bruno Guerci. L’étude TELE-DIAB2 qui suit un protocole proche chez le patient DT2 sous insuline, est en cours, ses résultats sont attendus dans les prochains mois.
D’après la communication du Pr Bruno Guerci (CHU de Nancy) lors du symposium « Diabète de type 2 : l’individualisation des parcours thérapeutiques en 2011 » organisé par sanofi-aventis.
(1) Charpentier G et al. Diabetes Care 2011;34(3):533-9
*réalisée par le CERIDT (Centre d’Étude et de Recherche pour l’Intensification du Traitement du Diabète) avec le soutien de Sanofi- Aventis, de Voluntis et d’Orange.
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