Les femmes bénéficiaires de l’aide de Médecins du Monde, qui vivent dans des conditions extrêmement précaires, ont un accès très restreint au suivi gynécologique et au dépistage du cancer du col de l’utérus, alors qu’elles sont particulièrement exposées aux infections par le papillomavirus.
L’étude multicentrique randomisée menée par Médecins du Monde, entre mars 2017 et décembre 2018, a évalué deux stratégies de dépistage après une consultation gynécologique de prévention : frottis cervicovaginal ou autoprélèvement, suivi d’un frottis en cas de positivité. Sur les 799 participantes dans quatre villes de France (Bordeaux, Lyon, Paris et Rouen), 112, soit 14 %, ont été exclues de l’étude (dépistage à jour, hystérectomie totale, pas de relations sexuelles). Ce sont donc finalement 687 femmes qui ont participé. Elles étaient âgées en moyenne de 41 ans, originaires d’Afrique subsaharienne dans 62,7 % des cas, le plus souvent en situation irrégulière (73,4 %) et sans couverture santé (59,3 %) ; 23,8 % étaient en situation de prostitution.
Près d’un quart des femmes n’avaient jamais vu de gynécologue, plus de la moitié n’avaient jamais eu de frottis. Le taux de dépistage réalisé a été de 39,5 % dans le bras frottis (304 femmes) et de 71,3 % dans le bras autoprélèvement (383 femmes), RR = 1,80 [1,55 – 2,10]. Le délai de dépistage a été raccourci avec l’autoprélèvement : 9,5 jours en moyenne versus 18,6 jours dans le bras frottis, HR = 2,48 [1,99 – 3,08]. Des anomalies cytologiques ont été détectées chez 2,3 % des femmes dans le bras autoprélèvement et dans 2 % des cas dans le bras frottis, OR = 1,20 [0,42 – 2,40].
Le nombre de perdues de vue a été élevé dans les deux bras : 60,7 % dans le groupe frottis et 53 % dans le groupe autoprélèvement. Ainsi, malgré l’optimisation du dépistage grâce à l’autoprélèvement, il reste essentiel d’améliorer le suivi de ces femmes, en particulier lorsque le dépistage est positif.
D’après France Reques et al. Médecins du Monde, Paris
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